Menace terroriste : faut-il revenir sur l’État de droit ?

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Par Marine Tertrais Modifié le 20 juillet 2016 à 16h08
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L’attentat qui a frappé Nice le 14 juillet dernier a bouleversé les Français mais aussi la classe politique. A droite, certains demandent une exception à l’état de droit pour faire face à la menace terroriste mais tous ne partagent pas cet avis…

L’État de droit doit-il s'ajuster à l'état de guerre ?

Faut-il renforcer le dispositif sécuritaire en France ? Faut-il enfermer toutes les personnes suspectées de sympathie pour Daech dans des centres de détention ? Les propositions fusent à droite depuis que la France a été une nouvelle fois frappée par un attentat d’une rare violence. Certains, à l’instar du président du Sénat, Gérard Larcher, souhaitent même que l’État de droit « s'ajuste à l'état de guerre ».

« Bien sûr nous avons une Constitution et son respect s'impose à tous », explique-t-il dans les colonnes du Figaro. « Nous avons aussi une référence : à la Déclaration universelle des droits de l'homme et du citoyen. Le Sénat est très attentif aux libertés, mais recherche en permanence l'efficacité. »

Un discours auquel souscrit le député des Alpes-Maritimes, Éric Ciotti. À une journaliste qui lui demandait s’il fallait revenir sur certains principes qui fondent notre État de droit, il a lancé : « Si vous aviez vu les cadavres sur la Promenade des Anglais, je crois que vous ne me poseriez pas cette question, parce que eux il n'en parlent plus de l’État de droit, madame. »

Passe d’armes sur le sujet entre Valls et Wauquiez

C’est justement sur cette question que le Premier ministre, Manuel Valls, et le député de la Haute-Loire, Laurent Wauquiez, se sont écharpés dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. « Votre réponse à vous, c'est laquelle ? Convention européenne des droits de l'homme. Attention, nous allons porter atteinte à leurs libertés personnelles », a lancé l’élu de droite. « Attention, on ne peut pas prendre de mesures privatives de liberté. Attention, ce n'est pas compatible avec la Constitution. Mais changez le droit ! »

Et d’ajouter : « La vraie différence entre vous et nous, c'est que vous, vous invoquez les libertés personnelles des terroristes, nous, nous disons : 'il n'y a pas de liberté pour les ennemis de la République ».

Une invective qui n’a pas été du goût des députés socialistes et du Premier ministre qui a répondu : « Quand on ne respecte pas les principes de la République, les principes qui sont au-delà, alors c'est le dérapage. Et monsieur Wauquiez, qu'est-ce qui fonde la République ? C'est l'État de droit. » Le débat est lancé...

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Marine Tertrais est journaliste à Economie Matin depuis 2015, après être passée successivement par Jol Press, et Atlantico.

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