Ukraine : compromis trouvé sur les minerais entre Zelensky et Trump, un accord de paix bientôt signé ?

Première mouture, ce texte très attendu formalise un partenariat hautement économique et stratégique pour les États-Unis et l’Ukraine. L’absence de volet sécuritaire interroge néanmoins, alors que les regards se tournent déjà vers Moscou.

Des minerais contre une reconstruction

L’accord signé à Washington le 30 avril 2025 par Volodymyr Zelensky et Donald Trump repose sur la création d’un fonds d’investissement commun, destiné à financer des projets dans les secteurs minier, pétrolier et gazier. Financé à parts égales par les deux pays, ce fonds sera exclusivement réinvesti dans l’économie ukrainienne pendant au moins dix ans, sans distribution de dividendes pendant cette période. Le président Zelensky s’est félicité d’un texte qui « crée des opportunités d'investissements significatifs en Ukraine » et qu’il qualifie désormais d’« accord véritablement équitable » (France 24).

President Zelenskiy on Thursday praised the Ukraine minerals deal with the US as a "truly equal agreement."

He added the deal was the "first result" of his meeting at the Vatican with President Trump (translation via AP) https://t.co/kZczs7dhgo pic.twitter.com/wD3IU5u1HU

— Bloomberg (@business) May 1, 2025

En contrepartie, les entreprises américaines bénéficieront d’un accès préférentiel aux appels d’offres liés à l’exploitation des minerais et autres ressources naturelles ukrainiennes, notamment dans les secteurs du lithium, du gaz et du pétrole. La ministre de l’Économie Ioulia Svyrydenko a précisé que Kyiv conserverait « l'entière propriété et le contrôle » de ses ressources, tout en reconnaissant que « les transferts et développements de technologies sont une part importante de l'accord » (France 24). Dans cette première mouture, le texte précise également que l’Ukraine n’aura « aucune dette » à rembourser pour l’aide américaine reçue depuis 2022. Depuis le début de l’invasion russe, les États-Unis ont engagé près de 350 milliards de dollars de soutien militaire, humanitaire et économique en faveur de l’Ukraine, un montant qui faisait craindre, côté ukrainien, une spirale d’endettement insolvable au vu de la guerre.

Un tremplin diplomatique pour la paix ?

Malgré les attentes initiales exprimées par Kyiv, aucune clause sécuritaire ni mention de défense commune n’a été intégrée au texte. L’accord reste strictement économique. Il fait référence de manière générale au soutien des États-Unis aux « efforts de l'Ukraine en vue d'obtenir les garanties de sécurité nécessaires à une paix durable », sans mention explicite de l’OTAN, ni de la Russie. 

Ce compromis survient dans un contexte diplomatique singulier : la rencontre entre Trump et Zelensky à Rome, quelques jours plus tôt, en marge des obsèques du pape François, semble avoir joué un rôle déterminant dans le déblocage des négociations. Au-delà de sa dimension strictement économique, cet accord pourrait, selon certains, renforcer la position de Kyiv à la table des négociations avec Vladimir Poutine ; pour d’autres, au contraire, il risque de l’affaiblir davantage. Reste que l’accord doit désormais être ratifié par la Rada, le Parlement ukrainien. Le vote s’annonce incertain : l’opposition dénonce un déséquilibre en faveur de Washington, tandis que les partisans de Zelensky le présentent comme une issue pragmatique à une impasse.