USA : Elon Musk admet l’inefficacité de Doge

Il avait promis un bouleversement radical des dépenses fédérales. Trois mois plus tard, il se retrouve à reconnaître que l’expérience « n’a pas été très amusante ».

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By Grégoire Hernandez Published on 2 mai 2025 12h29
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USA : Elon Musk admet l’inefficacité de Doge - © PolitiqueMatin

Derrière les slogans d'efficacité et les grandes ambitions budgétaires, la machine gouvernementale américaine a ses limites. Même pour Elon Musk. Et la facture du rêve commence à se faire sentir.

Musk : un aveu amer venu de la Maison-Blanche

L’homme d’affaires à l’influence démesurée a dû se rendre à l’évidence. Mercredi 30 avril 2025, Elon Musk a confirmé aux médias américains que sa structure pour l’efficacité gouvernementale, baptisée Doge, n’avait pas livré les réductions budgétaires escomptées. La promesse d’alléger les dépenses fédérales de 2 000 milliards de dollars s’est transformée en simple gain de 160 milliards, soit à peine 8 % de l’objectif. Interrogé par ABC News et Fox News, il admet : « Nous n’avons été efficaces, mais pas autant que je l’aimerais. »
Derrière cette formule lissée se cache un revers cuisant pour celui que Trump avait désigné en janvier à la tête de cette structure inédite. Musk concède que le pouvoir l’a confronté à une inertie bien plus forte qu’imaginée : « Il s’agit, en quelque sorte, de savoir jusqu’à quel point l’administration et le Congrès sont prêts à souffrir. »

Concrètement, Doge a bien supprimé plusieurs milliers de postes fonctionnaires et taillé dans certaines subventions publiques. Mais les vraies économies, celles qui toucheraient les piliers du budget américain (retraites, Medicare, défense) n’ont pas été engagées. Musk a lui-même reconnu la difficulté : « C’est faisable, mais il faut gérer beaucoup de plaintes. »
L’ambition initiale, pourtant, n’était pas mince. Elon Musk voulait transformer le rapport de l’État à la dépense, dans une logique de rentabilité quasi-entrepreneuriale. Mais appliquer la méthode Tesla à la mécanique fédérale semble avoir buté sur la réalité des résistances institutionnelles.

Un retrait partiel, mais symbolique de l'homme d'affaires

Le dirigeant de SpaceX a profité de l’interview pour annoncer un recentrage sur ses autres structures, et en particulier Tesla, confrontée à une crise inédite : ventes en chute, vandalisme dans plusieurs succursales, et manifestations en série. Il n’a pas annoncé son départ de Doge, mais a précisé qu’il souhaitait limiter son implication à « un à deux jours par semaine ». Il a aussi laissé entendre que la commission pourrait ne pas s’arrêter à la date prévue du 4 juillet 2026, mais se poursuivre jusqu’à la fin du mandat Trump : « Cela dépendra du président. »

Même au bord du retrait, Musk ne renonce pas à ses formules à l’emporte-pièce. Pour lui, Doge n’est pas un simple organe gouvernemental, mais une philosophie. « Doge est un art de vivre, c’est comme le Bouddhisme. Bouddha n’est plus en vie. Mais on ne se pose pas la question de savoir qui dirige le Bouddhisme. » Une manière bien à lui d’affirmer que, même affaiblie, son idée d’un État allégé pourrait survivre à son propre désengagement.
Mais à Washington, où les structures fédérales obéissent à des logiques bien éloignées de celles de la Silicon Valley, ce genre de prophétie a ses limites. Et la réalité budgétaire, elle, ne pardonne pas.

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