Le Premier ministre Michel Barnier fait face à une opposition frontale depuis son entrée en fonction après la dissolution de l’Assemblée nationale en milieu d’année. Cette opposition s’est soldée par le dépôt d’une motion de censure dans le contexte du vote du budget 2025 pour lequel le Premier ministre a déclenché le 49.3 de la Constitution.
Motion de censure : Michel Barnier tombe, la France n’a plus de gouvernement
Ce 4 décembre 2024 marque une journée décisive pour la Ve République. Michel Barnier, chef du gouvernement depuis seulement trois mois, devient/a failli devenir le deuxième Premier ministre renversé par une motion de censure après avoir engagé sa responsabilité sur le budget 2025.
La sanction est totale, avec plus de 300 votes contre lui.
Michel Barnier censuré
Le 4 décembre 2024, l'Assemblée nationale a voté en faveur de la motion de censure déposée contre le gouvernement de Michel Barnier, provoquant ainsi la chute de ce dernier. Ce vote, soutenu par une coalition inédite regroupant les forces de gauche et le Rassemblement national, constitue un événement historique, marquant la première fois depuis 1962 qu’un Premier ministre est renversé de cette manière, et la deuxième fois de l'histoire.
La décision reflète un profond rejet de la politique menée par Barnier, notamment son recours à l’article 49.3 pour imposer le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Désormais, la France se retrouve sans gouvernement, ouvrant une période d’incertitude politique majeure, alors qu’Emmanuel Macron devra nommer un nouveau Premier ministre tout en jonglant avec une Assemblée fragmentée et hostile.
Trop de 49.3 sanctionné par une motion de censure
C'est l'usage du 49.3 qui a décidé l'Assemblée nationale à déposer une motion de censure contre Michel Barnier. L'article 49.3 de la Constitution française permet au gouvernement d’adopter un texte sans vote, sauf si une motion de censure est déposée et adoptée. Michel Barnier a utilisé cet outil pour le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), provoquant l'indignation de nombreux députés, notamment ceux de la gauche et du Rassemblement national (RN).
Cette motion de censure, déposée conjointement par les forces de gauche et soutenue par le RN, a donc abouti / aurait bien pu aboutir à la chute du gouvernement. Une situation inédite depuis 1962, lorsque Georges Pompidou avait été visé par une motion similaire, mais avait survécu grâce à l'Assemblée.
La motion de censure, des conséquences importantes
Cette censure a / aurait eu des conséquences immédiates. Sans gouvernement, Emmanuel Macron devra désigner un nouveau Premier ministre. Cependant, il est contraint par l’impossibilité de dissoudre l'Assemblée nationale avant juillet 2025, ce qui limite ses options.
Le gouvernement avait prévu une sous-indexation des retraites dans le budget 2025. En cas de censure, cette mesure tomberait, et les pensions seraient automatiquement réajustées sur l’inflation, conformément à la loi. Enfin, cette crise pourrait entraîner des mois d’incertitude, paralysant la mise en œuvre de nouvelles réformes.
Les soutiens de Michel Barnier ont tout essayé
Arnaud Rousseau, président de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles), avait appelé les députés à rejeter la motion de censure, affirmant qu'une telle décision entraînerait un « chaos économique ». Jean-François Copé, maire Les Républicains de Meaux, a également exprimé son incompréhension face au soutien du Rassemblement national à cette initiative. « La décision de Marine Le Pen est totalement incompréhensible. Qu’est-ce qu’elle veut de plus ? Qu’on aille coller ses affiches ? », a-t-il lancé avec amertume, ajoutant que « changer de gouvernement ou de Premier ministre ne changera strictement rien à la problématique actuelle »
Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, a vivement critiqué cette motion, la qualifiant de « censure pour rien ». Pour lui, « il ne peut pas y avoir de débouchés en matière de législatives ou d’élections présidentielles. Le président a été élu démocratiquement pour cinq ans ».
Une Assemblée nationale divisée
Jordan Bardella, président du RN, fustige un gouvernement qui aurait, selon lui, « multiplié les taxes et abandonné les classes populaires ». Dans le processus de la motion de censure, l'impact du Rassemblement National a été déterminant et les projecteurs ont été largement braqués sur Marine Le Pen.
Le groupe écologiste, représenté par Clémentine Autain, prône une « révolution verte », avec des propositions radicales pour l'après-Barnier, telles qu’une loi sur le climat et la taxation des grandes fortunes. Alors que de nombreux Français doutent de la capacité du Parlement à avoir des conséquences concrètes sur leur vie, en censurant le gouvernement Barnier, les députés ont montré leur poids.
Motion de censure : et maintenant ?
Emmanuel Macron, rentré ce jour même d'Arabie Saoudite, déjà affaibli par des tensions internes et des échecs électoraux, fait face à un dilemme. Des figures politiques comme Olivier Faure (PS) exigent la nomination d’un Premier ministre de gauche. D’autres, comme Yannick Jadot (EELV), évoquent un "pacte républicain transitoire" pour éviter l’impasse institutionnelle.
Le président refuse catégoriquement l'idée de démissionner, qualifiant ces suggestions de « politique-fiction ». Cependant, les spéculations sur ses options pour remplacer Barnier abondent.