Fraude au RSA : un influenceur mythomane créé la polémique

Le monde de l’influence et des réseaux sociaux réserve parfois de grandes surprises, mais aussi de grosses polémiques. Le cas Seby Daddy en est la preuve, cet influenceur mythomane s’est vanté de toucher le RSA en habitant Miami.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 29 septembre 2023 à 17h19
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Un influenceur se vante de toucher le RSA « pour payer ses Uber Eats »

L'influenceur Seby Daddy, fort de ses 4 millions d'abonnés sur les réseaux sociaux, de son vrai nom Sébastien Dubois, a mis le feu aux poudres lors d'une interview accordée à Sam Zirah. Il s'y est vanté en disant : « Je tape dans la CAF et je bénéficie du RSA, alors que je ne vis même pas en France », précisant que cela lui « permet de régler (ses) Uber Eats ». Face à cette audace, l'interviewer n'a pas tardé à pointer son manque d'éthique. Mais Seby Daddy n'a pas bronché : « Si la société offre cette opportunité à des gens comme moi de profiter du RSA, où est le mal ? Je suis dans mon droit », se justifiant en arguant avoir « distrait toute la France pendant sept ans ».

Retour de bâton pour l'influenceur qui faisait de sa prétendue fraude au RSA une fierté. La Ministre des Solidarités, Aurore Bergé, est intervenue rapidement en affirmant que Seby Daddy ne bénéficie pas du RSA, contrairement à ses déclarations : « Seby Daddy ne touche absolument pas le RSA... il n'est pas inscrit à la CAF depuis 2013 ». « Un signalement à l'article 40 au procureur de la République va être fait par le directeur général de la CNAF », a-t-elle précisé.

Le RSA : un sujet brûlant

Entre le dernier recours du 49.3 par Élisabeth Borne pour faire passer en force la LPFP, et le projet plein emploi du président Emmanuel Macron, ou encore le port de l'abaya à l'école, le débat politique bat son plein depuis la rentrée. Le RSA n'y échappe pas. En effet, l'une des mesures phares du projet plein emploi du gouvernement concerne justement sa réforme. Présentée par le ministre du Travail Olivier Dussopt, celle-ci prévoit la mise en place d'un contrat d'engagement que devront signer les bénéficiaires et qui leur impose entre 15 et 25 heures de travail hebdomadaires. Cependant, la réforme du RSA ne précise pas si les bénéficiaires seront payés pour leur temps de travail. D'où la controverse autour de cette proposition. Pour l'opposition, cette réforme est vue comme « de l'esclavagisme », tandis que le RN a fait une autre proposition. Pour une partie de la droite et de la majorité, il faudrait durcir davantage les conditions d'accessibilité du RSA afin d'éviter au maximum les fraudes : environ 1,3 milliard d'euros par an selon les chiffres de Charles Prats.

Toujours est-il que ce genre de déclarations irresponsables de Seby Daddy jette de l'huile sur le feu. L'impact des minima sociaux, dont fait partie le RSA, est crucial pour bon nombre de Français. Pour beaucoup de bénéficiaires, il s'agit d'un filet de sécurité essentiel, et non d'une opportunité d'enrichissement illégitime. Et même si ces minima sociaux ont légèrement augmenté, c'est aussi le cas du nombre de bénéficiaires : environ 4,4 millions de personnes (+0,2 % en 2022). Selon l'étude de la Dress, 41% des allocataires des minima sociaux ont réussi à en sortir au moins une fois, mais la plupart y reviennent moins de dix ans après.

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin depuis septembre 2023.

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