Prêtre égorgé près de Rouen : la classe politique craint-elle la colère des Français ?

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Par Marine Tertrais Modifié le 26 juillet 2016 à 16h40
France Paris Attentats Guerre Terrorisme

Les politiques semblent craindre la colère des Français. Aussi ont-ils chacun à leur tour appelé à ne pas tomber dans la guerre des religions, après l’assassinat d’un prêtre, pendant la messe, mardi 26 juillet, dans l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray, près de Rouen.

Appels à l’unité chez certains politiques

Est-ce l’attentat de trop ? En ce baladant sur les réseaux sociaux, il est difficile de passer à côté de la colère, de l’indignation et de la tristesse des internautes après l’assassinat du père Jacques Hamel par deux terroristes, revendiqués par Daech. « J'adresse aux familles des victimes ainsi qu’à l’ensemble des catholiques de France, la solidarité et la compassion de la Nation », a sobrement tweeté le chef de l’Etat.

Quant à la classe politique en règle générale, elle a appelé à l’union face à la terreur. « La solidarité et l'unité nationale sont les seules réponses », a estimé le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll.

Pas de guerre de religion

« Ne tombons pas dans le piège de la guerre de religions. Ces crimes sont ceux d'assassins aux quels la plus grande fermeté doit s'appliquer », a lancé l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac, Jean-Pierre Raffarin.

Un avis partagé par Georges Fenech, député LR du Rhône et président de la commission d'enquête parlementaire sur les attentats du 13 novembre. « Nous ne pouvons pas nous laisser emporter dans ce que Daech recherche, c'est-à-dire la division, la fracture de notre société », a-t-il fait savoir sur RTL. « Ce que je crains aujourd'hui, c'est le patron de la DGSI qui nous l'avait dit lors de notre commission d'enquête, c'est qu'il y ait des violences intracommunautaires, qu'il y ait des violences inter-religieuses. On est au bord de cette guerre-là. Si on n'est pas capable de réunir toutes nos forces républicaines, c'en est fini de la société française. »

« Il faut nous arcbouter pour nous opposer à la volonté de guerre des religions ! » a estimé de son côté Jean-Luc Mélenchon. « L'attachement à la liberté de conscience doit rester notre repère. Et la fraternité humaine. »

Peur de la colère des Français ?

Mais pourquoi autant de mises en garde ? Nos élus craindraient-ils un ras-le-bol généralisé de la part des Français ? Certes, personne n’a en tête de se lancer dans une guerre de religion mais nombreux sont ceux qui s’interrogent sur la manière d’agir à présent que l’Etat a montré une nouvelle fois son incapacité à protéger les citoyens. De telles attaques ne peuvent être évitées disent certains. De nombreuses mesures pourraient cependant être prises.

Si les élus répugnent à mettre hors d’état de nuire les Français dangereux, s’ils refusent de reconduire à la frontière les étrangers radicalisés, s’il s’offusquent à la simple idée de fermer les mosquées qui abritent des prêches islamistes, dans ces cas-là, oui, le risque est grand de voir des Français prendre les armes et se faire justice eux-mêmes. Ce n’est jamais souhaitable, mais que cherchent nos gouvernants sinon à nous monter les uns contre les autres ?

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Marine Tertrais est journaliste à Economie Matin depuis 2015, après être passée successivement par Jol Press, et Atlantico.

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