Dans une interview au Journal du Dimanche, le Premier ministre Manuel Valls n'exclut pas de se présenter face à François Hollande à la primaire du Parti socialiste. Une hérésie institutionnelle que de nombreux commentateurs ont dénoncée.
Manuel Valls ne supporte plus les hésitations de François Hollande. Va-t-il se présenter à sa propre succession ? Pour faire bouger les lignes, il a choisi de se lancer et de donner une interview pour le moins surprenante à nos confrères du JDD. « Je demande à tous les progressistes, à la gauche réformiste et à toute la gauche, de se ressaisir », explique-t-il. « C’est pour cela que notre primaire ne doit pas se résumer à de petits calculs d’appareils. Elle doit donner un élan, de l’espoir. Il faut se préparer au face à face. Je m’y prépare, j’y suis prêt ».
Mais qu’en est-il de sa loyauté à l’égard de François Hollande qu’il aimait tant mettre en avant ? « J’ai des rapports de respect, d’amitié, et de loyauté avec le président », a-t-il estimé. « Mais la loyauté n’exclut pas la franchise. Force est de constater qu’au cours de ces dernières semaines, le contexte a changé. La parution du livre de confidences a créé un profond désarroi à gauche ». Cette position est soutenue par le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, qui semble prêt à tout pour torpiller la candidature de François Hollande.
Un Premier ministre ne peut pas se présenter contre le président
Mais Manuel Valls pourra-t-il se présenter face à François Hollande ? Pas tant qu’il sera Premier ministre, a fait savoir le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll. Manuel Valls a « tout à fait la possibilité » d'être candidat, a-t-il expliqué sur Europe 1, « mais à ce moment-là, il n'est plus Premier ministre ». « Il n'y aura pas de primaire entre le président de la République et le Premier ministre », a-t-il insisté. « Ca n'existe pas, ça ne peut pas s'imaginer sauf dans des esprits qui ont un petit peu tendance à confondre leur ressentiment personnel avec l'intérêt général ».
Selon plusieurs médias, les proches de François Hollande l’encourageraient à limoger Manuel Valls mais le président hésiterait encore. S’il n’est plus au gouvernement, Manuel Valls pourrait se présenter contre lui. En tant que chef du gouvernement le voilà coincé. Encore une fois, l’indécision du chef de l’Etat risque de lui coûter très cher.