Démographie : un écart croissant entre les villes et les campagnes

La France fait face à un défi démographique majeur.  Les derniers chiffres de l’Insee indiquent un net ralentissement de la croissance de la population française, et l’écart entre les villes et les zones rurales ne cesse de se creuser.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 29 décembre 2023 à 17h18

Un ralentissement démographique préoccupant

Selon l'Insee, au 1ᵉʳ janvier 2021, la France (hors Mayotte) comptait 67,4 millions de personnes. Un chiffre en hausse, mais qui cache une réalité moins reluisante : la croissance annuelle de la population française est de 0,3 % entre 2015 et 2021, contre 0,5 % les cinq années précédentes. Pour mettre ces chiffres en perspective, la population augmente chaque année de 230 000 personnes, soit l'équivalent du nombre d'habitants d'une ville de la taille de Reims. L'étude de l'Insee révèle également que cette évolution n'est pas uniforme à travers le pays. Neuf régions affichent une croissance supérieure à 0,4 % par an, la Guyane en tête, avec une croissance de 1,6 % par an, suivie de la Corse (1 %), de l'Occitanie (0,7 %), des Pays de la Loire (0,6 %), de l'Auvergne, Rhône-Alpes et de la Bretagne (0,5 %). Aucune région de France n'est épargnée par ce ralentissement, si ce n'est la Martinique et la Guadeloupe qui affichent une croissance négative (-0,9 % et -0,6 % respectivement) en raison de l'émigration.

D'autre part, les chiffres de l'Insee révèlent un contraste qui s'accentue entre les zones rurales et les zones urbaines : 45 millions de personnes vivent en ville, contre 22 millions à la campagne. Entre 2015 et 2021, l'espace urbain a connu une croissance de 0,4 % annuellement, alors qu'elle était de 0,2 % en moyenne dans les campagnes. En chiffres absolus, cela représente une augmentation de 164 640 habitants dans les villes contre seulement 38 322 dans les campagnes. Cette tendance a des répercussions profondes sur l'aménagement du territoire, la planification des services publics et l'économie des régions concernées. Les grandes métropoles continuent d'attirer, tandis que les zones rurales cherchent des moyens pour inverser cette tendance de dépeuplement.

La France refuse de faire de sa démographie un enjeu majeur

Considérant le nombre de naissances, dont le niveau est le plus bas depuis l'après-guerre (720 000 naissances en 2022), le nombre record d'IVG (234 000 en 2022 selon la Drees), et le vieillissement de la population, le ralentissement démographique de la France n'est pas près de s'inverser. Comme l'avait souligné feu l'essayiste, journaliste et ancien conseiller politique, Patrick Buisson, dans un entretien accordé à Omerta, « l’économie de consommation n’a pas simplement fabriqué de la marchandise, elle a fabriqué une nouvelle humanité, une nouvelle humanité qui rompt avec l’ancien régime des mœurs ». Autrement dit, la France s'est enfermée dans le « présentéisme ». Un présentéisme largement fomenté par la montée de l'individualisme et du nihilisme. Conséquence, depuis près de 70 ans, la France refuse de faire de sa démographie un enjeu majeur, alors que c'est bel et bien de son avenir dont il est question. Et ce n'est certainement pas à coup de slogan tel que « lâchez nos utérus », scandé par la députée Sandrine Rousseau dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, au moment où Laure Lavalette (RN) déplorait l'absence de mesures en faveur de la natalité dans le texte sur la réforme des retraites, que l'on résoudra le problème.

Pis encore, tous ces slogans néoféministes ont eu pour conséquence le rejet de la maternité en mettant en opposition la procréation avec la liberté. D'après un sondage de l'Ifop pour Elle, près de 30 % des femmes sondées ont indiqué qu'elles ne souhaitent pas avoir d'enfant, et la moitié d'entre elles considèrent que la procréation n'est pas indispensable à leur épanouissement. Cette situation n’est pas viable sur le long terme.« Si le peuple français ne se multiplie plus, alors la France ne peut plus rien être qu’une grande lumière qui s’éteint »  mettait en garde le général de Gaulle. En ce sens, dès 1945, le gouvernement provisoire, à son initiative, avait lancé une politique nataliste de grande ampleur qui comportait, en autre, la mise en place d'allocation familiale et la création d'un dispositif de Protection maternelle et infantile. Résultat : en l'espace de 10 ans, la France a enregistré 9 millions de naissances.

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin depuis septembre 2023.

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