Depuis l’annonce de la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne, de nombreuses voix ont fustigé un vote de « mécontents » ou de personnes qui n’auraient absolument rien compris aux problématiques européennes. Un tel discours aurait-il été le même si les Anglais avaient voté le maintien de leur pays au sein de l’UE ?
Tenir compte du vote des Britanniques
Les différents débats à la radio ou à la télévision, depuis l’annonce des résultats du referendum britannique, interpellent quand à l’attachement véritable de nos élus à l’idée même de démocratie. Jean-François Copé, notamment, a fait savoir sur France Inter, lundi 27 juin, que le référendum n'était pas « le vote d'une grande démocratie ». « Je pense qu'il faut avoir le courage de dire aux Français que le référendum, en réalité, ce n'est pas le pouvoir de décider. C'est, au mieux, le pouvoir de s'opposer », a-t-il expliqué.
Cette question de démocratie à deux vitesses a été aussi pointé du doigt lorsque certains médias n’ont pas hésiter à parler abondement d’une pétition en faveur du maintien du Royaume-Uni au sein de l’UE qui, en quelques jours, avait recueilli la signature de plus de 3 millions de personnes. Pourquoi les Anglais auraient-ils à revenir sur leur décision. Un vote est un vote. Pourquoi faudrait-il qu’ils se soient trompés ?
On écoute la voix du peuple que lorsqu’on est d’accord avec lui…
Le référendum local sur le projet d'aéroport de Notre-Dame-Des-Landes a posé le même problème. Alors que les électeurs de Loire-Atlantique ont voté « oui », à 55,17 % des voix, des élus ont fait entendre leur voix pour remettre en cause en cause la légitimité de ce referendum. Pire, David Cormand, nouveau patron d'EELV, sur France Info, a déclaré que si le « non » l’avait emporté, le referendum aurait eu un sens mais que la victoire du « oui » n’a aucune valeur en soi.
« Si le 'non' l'avait emporté, je pense que ça clôturait le débat mais le fait que le 'oui' l'ait emporté ne résout pas la question parce qu'il reste le problème des recours juridiques, et puis il reste cette contradiction fondamentale entre la Cop21 à laquelle s'est engagée la France et ce projet », a-t-il expliqué.
Cela n’est pas sans rappeler un certain Daniel Cohn-Bendit qui au lendemain de la votation suisse sur l’interdiction des minarets avait lancé : « Je suis pour une démocratie directe "encadrée" par une Constitution qui ne permette pas de voter sur n'importe quoi. » Et d’ajouter : « Les Suisses n'ont qu'une solution, se mobiliser et revoter. » Une curieuse conception de la démocratie, non ?