George Simion l’avait emporté haut la main au premier tour. Mais ce dimanche, c’est Nicusor Dan qui a arraché la présidence de la Roumanie à l’issue du second tour.
Présidentielle en Roumanie : victoire pro-européenne face à l’extrême droite

Un affrontement tendu, une victoire inespérée, un pays sous surveillance. La Roumanie vient de vivre un scrutin présidentiel décisif. Mais ce n’est pas seulement le nom du vainqueur qui intrigue.
Roumanie : Simion, le triomphe éphémère du populisme
Il aura suffi de deux semaines pour inverser totalement la dynamique. Le 4 mai 2025, George Simion, 38 ans, à la tête du parti nationaliste AUR, dominait le premier tour avec 41 % des voix. Dimanche 18 mai 2025, il s’incline. Nicusor Dan, centriste et pro-européen de 55 ans, l’emporte avec 53,6 % des suffrages contre 46,4 %.
Dans un climat électrique, marqué par des accusations de fraudes dès la fermeture des bureaux, les premières heures du dépouillement ont vu les deux camps s’autoproclamer vainqueurs. Au final, c’est Nicusor Dan, maire de Bucarest, qui s’impose, saluant « la victoire d’une communauté de Roumains désireux d’un profond changement » et promettant de « reconstruire la Roumanie ».
Le score impressionnant de George Simion au premier tour avait surpris. Son profil clivant (souverainiste, ouvertement admirateur de Donald Trump, tenant d’un discours virulent contre l’Union européenne) avait néanmoins séduit une partie importante de la population roumaine. Simion a même revendiqué la victoire le soir du second tour, brandissant le soutien de la diaspora et évoquant des « fraudes ». Mais dans la nuit, il a fini par reconnaître la défaite : « [Nicusor Dan] a remporté les élections, le peuple roumain a exprimé sa volonté », a-t-il admis dans une vidéo sur Facebook.
Cette défaite est un sérieux revers pour le camp nationaliste, surtout après le précédent de l’automne 2024. Pour rappel, l’élection présidentielle avait été annulée par la Cour constitutionnelle, en raison d’une fausse déclaration de comptes de campagne du candidat Calin Georgescu, lui aussi d’extrême droite, et soupçonné d’être soutenu par Moscou avec une campagne importante sur le réseau social TikTok.
Une élection sous influence(s)
Ce scrutin ne s’est pas joué uniquement dans les isoloirs. Les réseaux sociaux, notamment Telegram, ont été inondés de messages et vidéos relayant de fausses informations. Une « campagne virale » a été dénoncée par les autorités roumaines, avec des contenus portant « une nouvelle fois les marques d’une ingérence russe ». Le fondateur de Telegram, Pavel Durov, a même accusé la France de vouloir « censurer des voix conservatrices » en Roumanie, une affirmation sèchement démentie par le Quai d’Orsay.
Depuis l’annulation du scrutin de 2024, le pays est sous surveillance étroite de Bruxelles et de Washington. Ce nouveau vote était scruté avec attention, tant l'enjeu dépassait les frontières nationales.
La victoire de Nicusor Dan n’est pas qu’un succès personnel. C’est un signal envoyé à l’Europe. Alors que la guerre en Ukraine est toujours malheureusement d'actualité et la défiance envers les institutions européennes dans plusieurs États membres augmente, la Roumanie a choisi de maintenir son ancrage occidental. Ursula von der Leyen a salué « la promesse d’une Roumanie ouverte et prospère dans une Europe forte ». Volodymyr Zelensky a lui aussi réagi, évoquant « un partenaire fiable » pour l’Ukraine voisine. Et Emmanuel Macron a insisté : « Malgré les nombreuses tentatives de manipulation, les Roumaines et les Roumains ont fait ce soir le choix de la démocratie ».