Je salue l’annonce du Commissaire Sefcovic sur la mise en place d’une taxe de 2 € par article pour les colis issus des plateformes chinoises comme Shein ou Temu. C’est un premier pas, mais encore bien insuffisant face à l’ampleur de la menace économique, sociale et environnementale que ces plateformes représentent pour l’Europe.
Stop à la submersion des petits colis en provenance de Shein et Temu : l’Europe doit aller plus loin

Une annonce attendue...
Hier, la Commission européenne a annoncé l’instauration d’une taxe de 2 € par article sur les petits colis envoyés vers l’Union européenne. Une mesure attendue, qui vient enfin reconnaître la nécessité de taxer les articles ultra bon marché provenant de plateformes chinoises comme Shein et Temu.
Depuis des années, ces géants de l’ultra fast fashion exploitent une faille du marché européen : l’exemption de droits de douane pour les colis de moins de 150 €, en vigueur depuis 2010. Résultat : près de 22 % des colis entrants dans l’UE proviennent de ces deux seules plateformes. Une véritable submersion.
... mais insuffisante ...
Mais le problème ne se limite pas à la quantité. Ces produits, souvent non conformes, présentent des risques pour la santé, nuisent à l’environnement, détruisent l’emploi local et fragilisent nos commerçants.
Ce modèle commercial repose sur des prix artificiellement bas, rendus possibles par des subventions d’État, une opacité totale sur les conditions de production, et une stratégie d’influence numérique ciblée auprès des jeunes.
... face à un modèle économique chinois omnipotent
Derrière ces colis à bas coût, c’est une offensive géopolitique organisée par la Chine : prise de contrôle d’infrastructures stratégiques (ports de Valence, Dunkerque, Hambourg ; aéroport de Liège…), contournement des normes européennes, exploitation des réseaux sociaux pour vendre sans filtre.
La guerre économique est là : silencieuse, mais redoutablement efficace.
Pour une Europe puissante
Face à cela, l’Europe ne peut pas se contenter de demi-mesures. Nous demandons une réponse offensive et graduée :
- La fin immédiate de l’exemption de douane pour les colis de moins de 150€ ;
- L’accélération des enquêtes européennes sur la non-conformité des produits vendus par Shein et Temu ;
- La coopération à l’échelle des 27 États membres pour une action douanière concertée et massive ;
- La régulation des publicités et partenariats d’influence promouvant ces plateformes (comme adopté à l’unanimité à l’assemblée nationale le 14 mars dernier) ;
- Et si les violations persistent, le déréférencement comme ce fut le cas pour Wish en 2021, voire l’interdiction de ces plateformes en Europe ne doit plus être un tabou.
- Un délai d’un an à Shein et Temu pour se conformer pleinement à nos normes (sécurité, santé, marquage CE).
L’Europe ne doit pas être le terrain de jeu passif d’une guerre commerciale menée par la Chine tout comme les Etats-Unis. Elle doit se protéger, assumer un protectionnisme intelligent, et soutenir activement ses propres commerces, aujourd’hui en danger. La récente fermeture des magasins Jennyfer en est une preuve de plus.
Enfin, ces mesures européennes doivent s’accompagner, au niveau national, de dispositifs pour aider le commerce local : prêts garantis par l’État, soutien au paiement des loyers, assouplissement des délais de paiement fournisseurs, revitalisation des centres-villes.
Nous avons besoin d’une Europe qui protège, qui régule, et qui assume de défendre ses valeurs économiques, sociales et environnementales.