Transport sanitaire, VTC : les raisons d’une mobilisation nationale des taxis

Le ministère des Transports pensait calmer le jeu. Il n’a fait qu’ajouter de l’huile sur le feu. Depuis plusieurs jours, les taxis multiplient les blocages et les cortèges, bien décidés à ne rien lâcher. En ligne de mire : la réforme du transport sanitaire et la concurrence des VTC. Et ce jeudi, la contestation ne faiblit pas.

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By Grégoire Hernandez Published on 22 mai 2025 15h31
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Transport sanitaire, VTC : les raisons d’une mobilisation nationale des taxis - © PolitiqueMatin

"Si la loi passe, mon entreprise est amenée à fermer." Le témoignage à BFMTV d’Angéline, artisan taxi, claque comme un avertissement. À Paris, Marseille ou Pau, ils sont encore plusieurs centaines à battre le pavé ce 22 mai 2025. Les moteurs sont à l’arrêt, mais la colère, elle, carbure à plein régime.

VTC dans le viseur : les annonces du ministère

Le ministère des Transports a tenté une ouverture. Le 21 mai 2025, il a promis un "renforcement des contrôles contre la fraude" chez les VTC. Objectif affiché : cibler "l’exercice illégal d’activité, les maraudes et les racolages illégaux", via notamment de nouvelles amendes forfaitaires délictuelles pouvant grimper jusqu’à 1 000 euros. Le dispositif, déjà en test depuis avril, permettrait de sanctionner plus rapidement les contrevenants.
Autre axe évoqué : la lutte contre le système de rattachement abusif à certains gestionnaires de véhicules, qui favorise les faux indépendants et les fraudes fiscales. Des mesures aussi techniques que floues, vues par les taxis comme un replâtrage administratif. "On n’est pas contre", concède Emmanuelle Cordier, présidente de la Fédération nationale du taxi (FNDT), dans une déclaration à l’AFP. "Mais ça ne répond pas aux besoins du terrain."

Les revendications vont bien au-delà de la question des VTC. Ce qui met le feu aux poudres, c’est aussi la réforme du transport sanitaire. Le projet de l’Assurance maladie prévoit une nouvelle tarification des trajets de malades. Une décision qui pourrait faire chuter drastiquement les revenus des chauffeurs conventionnés.
"Les tarifs qu’ils vont nous proposer au kilomètre vont faire baisser mon chiffre d’affaires de plus de la moitié", alerte Angéline au micro de BFMTV. Pour de nombreux taxis, ces trajets vers les hôpitaux ou cabinets médicaux représentent la colonne vertébrale de leur activité. En 2023, cela pesait 6,3 milliards d’euros dans le budget de la santé, selon le ministère.

Un dialogue au point mort entre taxis et gouvernement

Dans cette ambiance électrique, le dialogue tourne à vide. Mercredi, les fédérations de taxis ont refusé une réunion avec le ministre des transports Philippe Tabarot. En cause : l’absence de concertation préalable et de conditions claires. "La moindre des choses, c’est de nous prévenir une petite heure avant d’en parler à la télévision", déplore Emmanuelle Cordier.
Du côté des taxis, la posture est claire : ils ne fuient pas le débat, mais ils veulent des garanties concrètes. "Nous ne refusons pas le débat à partir du moment où on nous apporte des réponses", martèle Bernard Crebassa, président de la Fédération nationale des artisans du taxi. En l’état, ils ne voient que des mesurettes.

Derrière la contestation, c’est un modèle économique qui vacille. La montée en puissance des VTC, soutenue par les plateformes numériques, a bouleversé l’équilibre du secteur. Les taxis demandent une application stricte des lois existantes, mais aussi une réforme globale, qui prenne en compte les réalités du métier, les charges, les contraintes, et la baisse des marges.
Le gouvernement, lui, temporise. Il veut revoir les critères d’accès au statut de chauffeur VTC, notamment la fameuse équivalence qui permet aux personnes ayant un an d’expérience d’intégrer la profession. Mais ces ajustements ne suffisent pas à calmer la grogne.

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