Double peine : Nicolas Sarkozy ne craint pas de passer pour un oportuniste politique

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Par Marine Tertrais Modifié le 28 juillet 2016 à 22h34
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Après l’assassinat du père Jacques Hamel, Nicolas Sarkozy a voulu faire entendre une voix ferme et déterminée à mener une politique ferme et répressive à l’égard des Français radicalisés. Quitte à se dédire ?

Dans un entretien au Monde, au lendemain de l’égorgement du père Jacques Hamel dans son église, l’ancien chef de l’Etat, qui espère revenir un jour au pouvoir, pointe du doigt une gauche « tétanisée » qui « se refuse à vraiment faire bouger les lignes de droit pour l’adapter à l’ampleur de la menace ».

Pour faire face à cette menace, il fait la liste des mesures les plus urgentes : internement des fichés S, création d'un ministère de la Sécurité intérieure, d'un service de renseignement en prison ou encore le rétablissement de la double peine, c’est-à-dire l'expulsion d'un condamné étranger après qu'il a purgé sa peine de prison.

Expulser tout étranger condamné pour terrorisme,

« Il est indispensable d’expulser immédiatement tout étranger condamné pour terrorisme, ce que la réforme de la double peine en 2003 n’a jamais empêché », explique-t-il. « Mais il faut aller plus loin. On voit bien que la situation sécuritaire n’a plus rien à voir. En 2003, les conditions d’application de la double peine avaient été modifiées pour tenir compte des obligations européennes sur la vie familiale. »

Et d’ajouter : « Aujourd'hui, ce sont ces dispositions européennes qui doivent être adaptées car il est indispensable que tout étranger condamné pour un crime ou un délit à une peine de plus de cinq ans d’emprisonnement soit expulsé systématiquement. » Oui, parce que pour ceux qui ne se souviendraient pas, c’est ce même Nicolas Sarkozy qui avait supprimé la double peine, en 2003, lorsqu’il était ministre de l’Intérieur.

Un opportunisme politique ?

Que penser d’une telle prise de position ? Le patron des Républicains aurait-il senti que les Français attendaient plus de fermeté de la part de leurs gouvernants ou pense-t-il qu’il s’est trompé en 2003 ? A l’époque il se disait fier de l’avoir supprimée. Alors que penser ? Sans compter que les terroristes qui ont égorgé le père Jacques Hamel, Adel Kermiche et son complice, Abdel Malik Petitjean, étaient français. Mohamed Merah, Chérif et Saïd Kouachi, ou encore Amedy Coulibaly étaient aussi français. Faut-il y voir là une simple opération de communication ? Les Français jugeront...

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Marine Tertrais est journaliste à Economie Matin depuis 2015, après être passée successivement par Jol Press, et Atlantico.

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