Budget 2025 : impôts, logement, écologie… à quoi faut-il s’attendre ?

Derrière les annonces gouvernementales se cachent des choix budgétaires qui pourraient peser lourdement sur les ménages.

Jade Blachier
Par Jade Blachier Publié le 4 février 2025 à 16h44
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Le budget 2025, porté par François Bayrou et le gouvernement, est sur le point d’être adopté après un passage en commission mixte paritaire le 31 janvier 2025. Grâce à l’usage du 49.3, l’Exécutif a évité un rejet au Parlement, confirmant ainsi son choix d’un passage en force plutôt qu’un réel débat démocratique. Ce budget est loin de faire l’unanimité.

Un budget sous contrainte, entre rigueur et nouvelles taxes déguisées

Le gouvernement affiche fièrement l’indexation du barème de l’impôt sur le revenu sur l’inflation, censée éviter à 18 millions de Français de voir leur charge fiscale s’alourdir. Ce relèvement de 1,8 % des tranches d’imposition est présenté comme un bouclier contre la "fiscalité rampante". Cette annonce masque un non-dit : l’impact réel sur les contribuables.

Cette revalorisation ne compense qu’en partie l’érosion du pouvoir d’achat liée à l’inflation. Certes, le seuil d’exonération passe de 11 294 euros à 11 497 euros, mais cette hausse reste insuffisante face à l’inflation cumulée de ces dernières années. Cette indexation n’empêche pas l’effet pervers du prélèvement à la source..

En réalité, les ménages des classes moyennes inférieures, trop riches pour bénéficier d’exonérations, mais pas assez pour profiter des niches fiscales, resteront les plus exposés. Le gouvernement évite habilement la question des seuils sociaux qui, eux, ne sont pas indexés avec la même générosité.

Une contribution "exceptionnelle" sur les hauts revenus… qui ne dit pas son nom

Le budget 2025 introduit une taxation supplémentaire pour les hauts revenus. Cette mesure vise les contribuables gagnant plus de 250 000 euros par an pour une personne seule et 500 000 euros pour un couple. Présentée comme une "contribution exceptionnelle", cette taxe risque de s’inviter durablement dans le paysage fiscal.

Officiellement, il s’agit de faire contribuer les plus aisés à l’effort budgétaire, notamment pour combler un déficit qui dépasse les 5 % du PIB. Seulement, aucune réforme structurelle n’est menée pour contenir les dépenses publiques, qui continuent d’exploser. L’argument de l’urgence budgétaire devient une ritournelle qui justifie des ponctions ciblées sans remise en question de la gestion de l’État.

Logement : des mesures qui peinent à convaincre

Le gouvernement met en avant l’extension du prêt à taux zéro (PTZ) pour faciliter l’accession à la propriété. L’élargissement des critères devrait toucher davantage de classes moyennes, dans les zones où la pression immobilière est forte.

Cette mesure ressemble plus à un pansement sur une jambe de bois. Le problème du marché immobilier ne se limite pas à la question du financement, mais concerne surtout la raréfaction de l’offre et l’explosion des coûts de construction. La suppression progressive de certains avantages fiscaux pour l’investissement locatif, combinée à l’alourdissement des normes environnementales, décourage les promoteurs.

Le maintien des APL, couplé à un plafonnement plus restrictif, laisse présager une baisse des aides pour certains ménages. Les locataires des classes moyennes risquent d’être les premiers touchés, en particulier dans les grandes métropoles où le coût du logement est déjà prohibitif.

Fiscalité écologique : un prétexte pour taxer davantage ?

Le gouvernement persiste dans sa politique de fiscalité verte, avec notamment une hausse de la taxe carbone qui affectera directement les prix des carburants. Derrière le discours officiel sur la transition écologique, cette mesure vise avant tout à remplir les caisses de l’État.

Les ménages ruraux, plus dépendants de la voiture, seront les premiers à en subir les conséquences. Cette hausse s’accompagne de la suppression des avantages fiscaux sur le gazole non routier, un coup dur pour certains secteurs comme l’agriculture et le BTP.

Le paradoxe est saisissant : alors que le gouvernement annonce des aides pour encourager l’achat de véhicules électriques, il taxe davantage les alternatives disponibles aujourd’hui, sans offrir d’alternatives crédibles pour une transition rapide.

Rénovation énergétique : des aides en trompe-l’œil

Dans un effort affiché pour accélérer la transition énergétique, l’État prolonge et renforce certains crédits d’impôt pour la rénovation des logements. Ces aides concernent principalement l’isolation thermique, les systèmes de chauffage écologiques et l’installation de panneaux solaires.

Ces mesures sont souvent complexes à mettre en place et inaccessibles aux ménages les plus modestes. Le reste à charge demeure trop élevé pour les foyers qui en auraient le plus besoin, rendant ces incitations inefficaces dans leur dimension sociale.

Un budget adopté de force, entre 49.3 et calculs politiques

Ce budget 2025 aurait pu être rejeté. Le gouvernement a préféré passer en force en utilisant le 49.3, évitant ainsi un vote incertain. Une motion de censure a bien été déposée par l’opposition, mais son adoption a été compromise par la décision du Parti socialiste de ne pas la soutenir.

Ce choix stratégique garantit pratiquement l’adoption du budget, mais laisse planer des doutes sur la cohésion de la majorité. L'absence de débat parlementaire réel souligne les limites démocratiques d’un système où l’Exécutif peut imposer un texte aussi déterminant sans réel contre-pouvoir législatif.

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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