Censure de Barnier : les intérêts de la dette vont atteindre de nouveaux sommets !

La motion de censure votée par les députés de l’Assemblée nationale, mercredi 4 décembre 2024, faisant tomber le gouvernement de Michel Barnier, ouvre une nouvelle période de crise et d’instabilité politique pour la France, ce qui ne manque pas de susciter de nombreuses inquiétudes quant à ses éventuelles répercussions sur les finances publiques de l’État, notamment sur sa dette publique.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 6 décembre 2024 à 10h31
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Quelles conséquences pourrait avoir la censure de Michel Barnier sur la dette publique française, qui s'élève à plus de 3 200 milliards d'euros, ce qui représente pas moins de 113 % de son PIB ?

Le temps joue contre la dette

L’instabilité politique engendrée par la motion de censure se traduit pour les finances publiques par la reconduction temporaire du budget 2024, reconduction permise et prévue par l'article 47 de la Constitution, le temps que les députés élaborent et votent un nouveau budget pour l'année 2025. En attendant, et en l'absence d'un consensus, le cercle vicieux de la dette publique française continue et risque bien de s'aggraver.

L'agence de notation Moody’s avait déjà abaissé la perspective de la dette française à « négative » en octobre 2024. Malgré la chute du gouvernement Barnier, elle a décidé de maintenir la note de crédit de la France à AA2. Nonobstant, l'agence n'écarte pas la possibilité d'abaisser à nouveau cette note si la crise politique française venait à s'éterniser, c'est-à-dire si la nomination du prochain Premier ministre venait à tarder ou si le prochain gouvernement venait à être censuré par l’Assemblée nationale. Une telle situation entraînerait inévitablement une hausse du taux d'emprunt à 10 ans de la France, ce qui alourdirait encore davantage la charge de la dette.

Des emprunts toujours plus chers

En ce mois de décembre 2024, la France emprunte à un taux de 2,9 % pour ses obligations à 10 ans, contre 2,1 % pour l’Allemagne et 2,5 % pour le Portugal. À titre de comparaison, l'État français empruntait à 1 % en 2014, et 2,6 % en janvier 2024, preuve de l'impact de l'impact croissant de la situation politique et économique de la France sur la confiance de ses créanciers. Une augmentation qui reflète une prime de risque plus élevée exigée par les marchés financiers. Concrètement, cela signifie que si la situation de la France continue de se détériorer,les investisseurs pourraient se détourner de la France au profit d'autres économies jugées plus sûres par les marchés financiers. Cette situation a un effet immédiat sur la charge de la dette, qui constitue l'un des premiers postes de dépenses de l'État. En 2024, le coût des intérêts s’élève déjà à 50 milliards d’euros. Selon les projections, ce montant pourrait grimper progressivement à 65 milliards en 2026 et à 75 milliards d’euros en 2027, ce qui le ferait passer tous les autres postes de dépenses publiques.

Ce cercle vicieux limitera considérablement les marges de manœuvre des prochains gouvernements, les obligeant, a fortiori, à faire des sacrifices dans des secteurs essentiels tels que la sécurité, la santé, l'éducation, ainsi qu'à augmenter les impôts pour accroître les recettes de l'État. À ne pas omettre enfin que le taux d'emprunt des ménages et des entreprises est directement lié à celui de l'État. En d'autres termes, si ce dernier augmente, les crédits pour les professionnels et les particuliers seront, eux aussi, plus coûteux et donc moins accessibles, ce qui réduira le pouvoir d'achat des Français, les investissements privés et, in fine, la croissance économique de l'État, croissance qui a d'ailleurs été revue à la baisse par l’OCDE (0,9 % du PIB pour 2025).

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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