La Coupe du monde…des réseaux sociaux

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Par Philippe Bapt Modifié le 23 juillet 2018 à 22h42
Coupe Monde 2018 Bus Bleus
31,7 millions d'eurosLa victoire de la France à la Coupe du monde de 2018 lui a rapporté 31,7 millions d'euros.

J’avais écrit : rendez-vous dans dix jours, il m’en aura fallu quelques-uns de plus. Entre-temps, deux-trois événements sont venus perturber ce début d’été si paisible. Il n’aura échappé à personne : la Coupe du monde de football en Russie est passée par là.

Cette Coupe du monde a consacré un groupe, comme le disait Guy Novès, constitué « d’individualités au service du collectif ». L’ancien champion du monde de 98 et sélectionneur Didier Deschamps a su impulser à l’équipe de France de football le sentiment de groupe à cet assemblage de joueurs que nombre de chroniqueurs et journalistes (soi-disant avertis) n’ont su que décrier dès la publication de la liste des 23 participants. Alternativement : trop jeunes, trop peu expérimentés, les pies radiophoniques ou télévisuelles ont dû ravaler leurs jugement hâtifs.

Car là où ces observateurs ne cessent d’individualiser ce sport, l’édition 2018 a réservé une cuvée très collective, avec un dernier carré quasi-inédit. Pas de méga star au programme ! Juste des collectifs parsemés de très bons éléments. Du suspens, il y en aura eu : des prolongations, des séances de tirs aux buts, des remontadas, des buts aussi ! Et pas qu’un peu. La Belgique et la Croatie auront beau avoir été maté par les Français….sans prolongation et avec en finale 4 buts (du jamais vu depuis 1970), les derniers adversaires des Bleus en sont réduits pour certains à critiquer le jeu tactique des Français.

Pragmatisme et occasions chirurgicalement exploitées ont été le lot des rivaux des Bleus en seconde phase de cette Coupe du monde. Et oui, c’est le grand retour du « verrou suisse », le catenaccio qui marqua tant et tant l’emprise du football italien sur la planète ! A l'actif des transalpins : quatre Coupes du monde. Pas toujours en esseulant l’adversaire principal en l’insultant pour lui faire péter les plombs !

Mais les Pierre Ménès, Daniel Riolo et autres ne se remettent pas de s’être parfois fourvoyer dans leurs analyses. Et oui le football ce n’est pas que prodiges et amas d’individualités. C’est aussi un vrai sport collectif.

Et oui, il faut parfois le temps que cela prenne.

Et oui, jouer les uns pour les autres et utiliser les qualités de chacun pour tous, c’est aussi le football.

Et oui, un groupe qui vit refermé, concentré ne peut supporter trop d’égos démesurés peu enclin au partage que nécessite une telle tranche de vie. En 1998, Aymé Jacquet avait pris des décisions fortes concernant Eric Cantona et David Ginola. En 2018, outre Karim Benzéma, Adrien Rabiot a prouvé à Didier Deschamps combien il avait raison le concernant. Et oui, ici aussi le "vivre ensemble" a son sens.

Est-ce un football flamboyant ? Un football plein de panache ? Non, certes, et à la fin, ce ne sont plus toujours les Allemands qui gagnent ! 1954, 1974, 1986 et 2014, telles sont les années des titres des cousins germains. Moi qui était trop jeune en 1974, je me souviens de 1986….sans pour autant me rappeler de trois de leurs joueurs. Un sûr : Schumacher Harald, mais lui c’est particulier : depuis 1982, un soir à Séville…bref !

Suis-je fan absolu de ce jeu ultra-défensif qui replace Olivier Giroud d’avant-centre à demi défensif ? Suis-je fan absolu d’un jeu qui change notre buteur au point de le rendre aphone du pied ? Non, pas vraiment, mais je suis fan de la complémentarité, de l’esprit dégagé et du résultat obtenu. Car la communion populaire induite depuis le huitième de finale contre l’Argentine jusqu’au soir de cette finale gagnée est indéniable. Tiens, là l’uniforme est bien ce qui nous réunit : le maillot bleu, des cadres aux ouvriers, des jeunes aux aînés, etc…

Bien sûr, voilà vingt ans, je fêtais ce premier sacre différemment qu’aujourd’hui. Plus de mesure, moins de degré d’alcool, mais avec toujours autant de joie pour ces joueurs, pour le rayonnement du pays et la liesse populaire qui parcourt le pays durant cette compétition.

Alors pour faire du buzz coûte que coûte, la fachosphère française, italienne, polonaise et d’autres comme l’ex international de rugby australien David Campese n’ont pas trouver mieux que de rappeler les origines africaines de certains internationaux ; c’est d’autant plus savoureux quand on sait que son père, italien, a immigré sur le sol australien. Pourquoi ne s’est-il permis un tel discours en 1995 sur l’équipe Africaine du Sud futur championne du monde avec un seul joueur de couleur : l'aîler Chester Williams ?

Quand ce ne sont pas les extrémistes de droite, ce sont leurs homologues de gauche qui rappellent combien ils sont déçus de cette marée populaire, comme Philippe Poutou, ou tweetent n’importe quoi comme le fit Jean-Luc Mélenchon, le converti au ballon rond de très fraîche date, avec sa « joie pure » inappropriée. Et j’en passe !

A tous ces messages de dénigrement ou haineux, les joueurs dont Benjamin Mendy auront su répondre calmement mais fermement. Et oui, je préfère la joie éclatante de notre président Emmanuel Macron, ou le sourire heureux de la ministre des sports Laura Flessel. Récupération diront certains, vraie passion savent beaucoup ! Eux au moins ne font pas dans la demi-mesure…l’événement s’y prêtait, non ?

Ce que j’aime à retenir au final, déformation professionnelle certainement, c’est l’aspect communication digitale de cette compétition. Jamais autant de vidéos, de tweets, de posts n’auront été repris par les journalistes pour nous faire suivre « au plus près » la phase finale d’une si grande compétition. Jusque dans la cour de l’Elysée où, attendant l’arrivée des champions dimanche en fin d’après-midi, vu d’en haut, on ne distinguait plus un seul membre de ce jeune public invité à acclamer leurs idôles, mais que des bras au bout desquels étaient tenus les smartphones.

J’avais évoqué, à l’occasion d’une rencontre fin juin, avec Robert Redecker et Eric Naulleau, mon sentiment que la Coupe du monde de football était la dernière vraie télé-réalité, non scénarisée et au dénouement incertain. Le relai des réseaux sociaux supplantant les émissions classiques télévisuelles de sport. Gageons que lors de futures épreuves, les mobiles des joueurs, tous Millenials, ne seront pas l’objets d’attaques de hackers pour les déstabiliser durant leur compétition, comme ce que l’on a vu à grande échelle, pour d'autres compétitions, aux États-Unis en 2016 ou en France en 2017…. Seul l’avenir nous le dira !

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Philippe BAPT est un communicant. Diplômé de Novancia Business School en management marketing digital et événementiel, il exerce sa passion comme chargé de communication et consultant chargé de projets.Sa seconde passion la « chose publique » l’amène très tôt dans le champ associatif : social, culturel et sportif. Puis il sera élu local d’une commune de la première couronne de la ville rose de 2008 à 2014. Président de club de rugby, puis d’un groupement d’employeurs et administrateur d’un théâtre-centre culturel, ces différents postes lui confèrent  une expertise dans ces domaines.Retiré du strict jeu politique, il n’en demeure pas moins attentif à l’évolution de l’actualité et devient éditorialiste dans divers médias locaux et régionaux, dès la rentrée 2014. Ses sujets de prédilection : le « jeu » politique, les répercussions économiques et sociales, la recomposition du paysage politique français. 

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