NSA : les écoutes paillassons des Etats-Unis

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Par Philippe David Publié le 25 juin 2015 à 10h18
Espionnage Nsa France Etats Unis

L’information est tombée peu après 22 heures mardi soir : Les trois derniers Présidents de la République Française ont été mis sur écoute par la NSA, la National Security Agency, entre 2006 et 2012. Ainsi, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande ont été victime des fameuses "grandes oreilles" de l’oncle Sam.

Un scandale qui ne surprend personne

Aussi gigantesque que soit le scandale, personne n’a été surpris puisqu’on savait depuis avril que les services secrets allemands , BND (Bundesnachrichtendienst) ou Service fédéral de renseignements, avaient espionné pour le compte de la même NSA des hauts fonctionnaires de l’Elysée, du Ministère des affaires étrangères et de la commission européenne. Nos « amis » allemands ne se sont pas arrêtés aux politiques puisque Airbus a porté plainte après avoir affirmé être "inquiet, car il y a des soupçons concrets d'espionnage industriel". Ainsi, les Allemands qui font partie du programme Airbus espionnaient un des fleurons de la coopération européenne au profit des Etats-Unis qui, bien entendu, ne transmettaient en aucun cas les informations à Boeing…On croit rêver !

On aurait pu espérer que face à une telle trahison d’un pays théoriquement ami, les pouvoirs publics français auraient fait un pataquès pour dénoncer des méthodes mettant gravement en cause les intérêts tant politiques qu’économiques de la France. On aurait souhaité voir l’ambassadeur d’Allemagne en France convoqué à l’Elysée et l’ambassadeur de France en Allemagne rappelé à Paris et pour voir on a vu…on n’a même rien vu ! Ni protestation, ni convocation, ni dénonciation. Silence à l’UMP et au PS, seuls Nicolas Dupont-Aignan et Jean-Luc Melenchon ont exigé des excuses de Madame Merkel qui ne sont bien sur jamais venues (ce qui prouve soit dit en passant tout le mépris qu’elle a pour notre pays).

La France renvoyée dans ses 22 mètres par les Etats-Unis

Aujourd’hui, avec les nouvelles révélations des écoutes américaines sans passer par le petit télégraphiste d’outre-Rhin, la réaction a été plus rapide et plus vive…en apparences. En effet, dès hier au soir, on apprenait qu’un conseil de défense était convoqué mercredi matin à neuf heures, conseil de défense qui a qualifié les écoutes de « faits inacceptables » avant qu’on apprenne que l’ambassadrice des Etats-Unis était convoquée au Quai d’Orsay. On imagine que Jane Hartley, puisque c’est le nom de Madame l’ambassadrice, a dû trembler de peur en apprenant cette convocation au Ministère des affaires étrangères alors que, vu la gravité des faits, une convocation à l’Elysée se serait imposée.

On imagine l’essence de la discussion entre Laurent Fabius et Madame Hartley dont la teneur aura été : « C’est comme ça et pas autrement, les USA font ce qu’ils veulent et fermez là », message qu’a dû tenir Barack Obama lors de son entretien téléphonique avec François Hollande, comme le prouve le communiqué lénifiant suite à leur discussion, et nous la fermerons comme lorsque les USA nous ont interdit de livrer les Mistral à la Russie. Logique pour un pays ayant réintégré l’OTAN sous Nicolas Sarkozy, réintégration qui signifie purement et simplement vassalisation aux Etats-Unis.

Les Américains auront d’ailleurs raison de nous « renvoyer dans nos vingt deux mètres » puisqu’en ayant réintégré l’OTAN et en n’ayant pas protesté au sujet des écoutes via l’Allemagne , nous avons prouvé que nous étions un paillasson et qu’on traite un paillasson comme il le mérite...

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Philippe David, 46 ans, est cadre dirigeant à l'international, auteur de plusieurs livres politiques dont le dernier, « De la rupture aux impostures », est sorti en 2012 aux éditions du Banc d'Arguin.Il est également chroniqueur sur Sud Radio.

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