Jean-Marie Le Pen serait-il devenu le meilleur ennemi du FN ?

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Par Bertrand Pancher Publié le 24 juin 2015 à 10h13
Front National Exclusion Jean Marie Lepen

La guerre est déclarée dans le clan Le Pen. Une semaine après avoir été expulsé du Front national, Jean-Marie Le Pen annonçait la création future de sa propre formation politique, non-concurrente du FN et assignait le parti en justice pour "contester son exclusion".

L’histoire du clan Le Pen est constituée de multiples ruptures (familiales, politiques et idéologiques) illustrant la fragilité d'un parti "attrape tout". Mais cette fois, l’heure est grave : le fondateur du parti se retrouve désavoué par sa propre fille. Saga digne d’un téléfilm, les attaques virulentes du patriarche se multiplient contre celle-ci – mettant notamment en doute ses capacités de gouvernance – et son entourage. Mais, bien au-delà de ces querelles familiales, c’est l’image du créateur qui est entachée et, par là-même, l’image du FN. Face à Marine Le Pen qui tentait d’apaiser les tensions, Jean-Marie Le Pen confortait une partie des militants frontistes opposés à une normalisation du parti.

Cette guerre familiale risque-t-elle pour autant de faire couler le parti ? Avec l’arrivée de Marine Le Pen à sa tête, le FN est devenu un champion de la communication : pas de fond, que de la forme. Il réalise les scores les plus élevés de son histoire arrachant une trentaine de cantons sur 200 et une dizaine de mairies sur 36 000 sans que l'on connaisse son candidat ou son projet. L’exclusion de Jean-Marie Le Pen pourrait dès lors représenter une aubaine pour un parti qui rêve d’accéder au pouvoir. Car la personnalité sulfureuse de Jean-Marie Le Pen ne rentre plus dans la nouvelle ligne politique du parti et effraie les potentiels adhérents. « Nous ne devons plus faire peur » a affirmé Louis Alliot.

Pour autant, le FN, qui n’a pas changé en profondeur, peine à convaincre et reste loin d’avoir gagné la bataille présidentielle de 2017. Les Français, réconciliés avec l'entreprise, veulent un réel programme économique et social, et jugent toujours irréalistes les solutions du FN en matière d'immigration ou de sortie de l'Union Européenne.

En outre, le clan Le Pen est rattrapé par les affaires (compte en Suisse de Jean-Marie Le Pen) et devrait voir son audience se réduire lors d'enjeux électoraux plus marquants et progressivement s'effriter dès qu'une nouvelle majorité élue sur la base d'un programme crédible sera conduite au pouvoir. Comme ce fut déjà le cas avec l'extrême droite entre les deux guerres, le FN fait son lit de la déflation actuelle et de la crise. Or, la classe politique ne semble ne pas avoir pris conscience du scandale de la spéculation financière et des capacités de relances de notre économie.

Elle ne porte, par ailleurs, aucun projet d'ascenseur social par l'éducation et n'imagine aucun processus de décision participatif. Mais, alors que le rêve européen et les effets miracles de la reconstruction de l'après-guerre s'évanouissent, il est temps que nos responsables politiques prennent de la hauteur !

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Bertrand Pancher est député (UDI) de la 1ère circonscription de la Meuse

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