L’éveil de la « belle endormie » n’en finit pas d’agiter les représentants parisiens d’Europe écologie – Les Verts (EELV) et leurs alliés. Ils dénoncent un projet coûteux et « désastreux sur le plan écologique ». Pourtant, le projet s’inscrit dans la relance économique de tout un quartier et présente des arguments solides tant en matière de transition énergétique que de respect de la biodiversité.
Un projet de relance économique nécessaire
Selon les chiffres divulgués par les autorités, le quartier autour de la gare d’Austerlitz se dépeuple au fil du temps. Depuis 2009, la baisse démographique ne cesse de s’accroître. Une situation qui met en péril sur le long terme les petits commerces locaux, que le contexte sanitaire et les restrictions qu’il a entraînées ne peut qu’aggraver.
C’est pourquoi, afin de relancer le dynamisme du quartier, le projet de réhabilitation de la gare d’Austerlitz fait figure de bonne nouvelle. Pas moins de 220 logements seront créés, dont 141 logements sociaux familiaux et 81 studios étudiants. Un hôtel de 210 chambres doubles pour une capacité de 420 personnes sera érigé et des bureaux hébergeant 4 300 salariés sont également prévus. Ces nouveaux habitants et travailleurs représentent une manne pour les commerces de proximité implantés.
Une véritable politique du transport public et des mobilités douces
De leur côté, les représentants locaux d’EELV et de leurs alliés associatifs représentés par le « Collectif Austerlitz », dénoncent un projet coûteux et néfaste pour l’écologie, et craignent l’installation d’un nouvel îlot de chaleur urbain.
Pourtant, l’aspect écologique est au cœur du projet de réhabilitation de la gare. Tout d’abord avec une véritable politique du report modal vers les transports en commun et les mobilités douces, avec un réaménagement intérieur de la gare pour favoriser l’intermodalité entre les trains grandes lignes, le RER C et les lignes 5 et 10 du métro, avec pour objectif une augmentation du flux de voyageurs. Une intermodalité entre les différents modes de transports ferroviaires doublée d’une intermodalité accrue avec le vélo : les emplacements de stationnement des vélos et trottinettes passeront ainsi de 177 aujourd’hui à plus de 1000, sans compter les possibilités de dépose-minute, emplacements pour les taxis, un parking public et les services Vélib’ et Véligo.
Un projet écologique et patrimonial de première importance
Sur le plan patrimonial, le projet prévoit bien la rénovation de l’intérieur de la Grand Halle Voyageurs et une rénovation des façades côté Seine. Loin de représenter une menace pour le patrimoine historique de Paris, puisque certains éléments inscrits au titre des monuments historiques seront rénovés et entretenus.
Sur le plan écologique, le projet de réhabilitation de la gare d’Austerlitz est respectueux du Plan Climat Paris, qui prévoit la réduction de pas moins de 75% des émissions de gaz à effet de serre. Sur le plan énergétique, l’ensemble deviendra autonome, avec notamment 3 400² de fermes photovoltaïques.
La lutte contre l’effet « îlot de chaleur » du bâtiment est également pleinement intégrée au projet. Ainsi, les matériaux ont été choisis avec minutie, avec par exemple l’utilisation de calcaire de couleur claire pour la Cour Museum, qui réfléchit la lumière au lieu de l’accumuler. La végétalisation du site également sera un facteur de réduction des émissions de chaleur : l’aménagement de zones ombragées dans la cour aux heures les plus chaudes de la journée, avec notamment 67 arbres et leur ombre portée, et de manière plus générale les 4 000m² d’espaces arborés auront pour effet d’améliorer la situation existante.
Entre connaissance lacunaire du dossier, et intérêts électoraux approchant, il est donc difficile de comprendre le fond des arguments des représentants parisiens d’EELV. La situation a en tout cas de quoi faire sourire : les écologistes seraient-ils donc contre l’écologie ?