L’Iran tend la main. Mais pas pour la paix. Pour le rapport de force. En annonçant vouloir conclure un accord avec les États-Unis en échange de la levée immédiate des sanctions, Téhéran ne cherche pas à apaiser. Il cherche à peser. Et vite.
L’Iran prêt à lâcher le nucléaire… si Trump lâche les sanctions

Un accord ? Oui. Mais aux conditions iraniennes. Et dans l’urgence.
L’Iran sent que l’instant est favorable
Ali Shamkhani n’a pas mâché ses mots. Le 14 mai 2025, sur NBC News, le conseiller du guide suprême Ali Khamenei a affirmé que l’Iran était prêt à signer immédiatement un accord avec les États-Unis, à une seule condition : la levée totale et immédiate des sanctions économiques. Sans délai. Sans contrepartie progressive.
Dans la foulée, il promet que l’Iran renoncera à l’arme nucléaire, se débarrassera de ses stocks d’uranium hautement enrichi, abandonnera tout enrichissement à usage militaire et acceptera la présence d’inspecteurs internationaux.
Pourquoi maintenant ? Parce que le moment est parfait pour tester la ligne rouge américaine. Donald Trump est de retour à la Maison-Blanche. Officiellement dur, il réclame encore la veille de cette annonce une application stricte des sanctions contre l’Iran. Mais l’homme sait aussi qu’un succès diplomatique pourrait redorer son image.
Et pendant ce temps, la diplomatie américaine est étirée dans tous les sens : Ukraine, Gaza, rivalité avec Pékin. Le timing n’est pas un hasard. C’est une fenêtre. Et l’Iran fonce.
Téhéran veut imposer une lecture : c’est l’Iran qui propose une sortie. Pas l’Amérique. Et si Washington refuse, ce sera elle la responsable de l’échec.
Quelle réponse de Donald Trump ?
La pression ne vient pas que du nucléaire. Elle vient aussi des chiffres. L’économie iranienne est étranglée. Le régime le sait. Les manifestations récurrentes le rappellent. Mais plutôt que de plier, l’Iran joue la carte diplomatique maximale : marchandage assumé entre sécurité mondiale et survie économique.
Et cette carte, elle est posée sans fard : soit les États-Unis cèdent, soit l’Iran continue d’enrichir. Aujourd’hui, Téhéran est à 60 % d'uranium. Et pour fabriquer une arme nucléaire, il faut atteindre 90 %. Techniquement, l’écart est faible. En temps, il l’est encore plus. C’est ça, la menace : l’Iran n’est plus à des années. Il est à quelques mois.
Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Majid Takht-Ravanchi, l’a dit la veille : Téhéran accepte même des limitations temporaires sur l’enrichissement, tant que l’accord est acté. Mais rien n’est signé. Car rien ne bougera tant que les sanctions ne seront pas levées.
Alors la question n’est plus de savoir si l’Iran bluffe. La question est de savoir si les États-Unis ont encore la volonté d’assumer leur posture dure. Ou s’ils céderont à l’usure diplomatique. Téhéran parie sur la deuxième option.