Affaire Kerviel : le vrai coupable n’est pas celui qu’on croit

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Par Philippe David Modifié le 19 mai 2015 à 9h37
Jerome Kerviel Proces Societe Generale

Il y a, paraît-il, en France un club des gens qui pensent que la terre est plate… Il y a, encore aujourd’hui, des gens qui osent affirmer que la terre ne tourne pas autour du soleil… Il y a aussi des gens qui pensent encore que François Mitterrand était un homme de gauche, Jacques Chirac un homme de droite, Nicolas Sarkozy un libéral et François Hollande un socialiste…

Il n’y avait cependant pas besoin des affirmations d’une femme Officier de Police sur Mediapart pour que quiconque croit encore à la culpabilité totale de Jérôme Kerviel dans ce qui aurait dû être baptisé dès ses débuts en 2008 « Affaire Société Générale » et non « Affaire Kerviel »…

Aucun salarié ne peut jouer seul avec 50 milliards d'euros

En effet qui pouvait croire, à part des simples d’esprit, des personnes n’ayant aucune expérience de l’entreprise de quelque manière que ce soit ou des complices de ce scandale, qu’un seul salarié pouvait jouer comme on joue un jeton au casino la bagatelle d’environ 50 milliards d’euros pour finir par en perdre 4,9 sans que quiconque dans sa hiérarchie ne s’en aperçoive et sans qu’aucun garde-fou informatique ne se mette en route et bloque les opérations…

Cinquante milliards d’euros ou peu ou prou le chiffre d’affaires annuel de PSA (une toute petite PME comme tout le monde le sait) ou encore l’équivalent annuel des« Engagements financiers de l’État » (c’est-à-dire ce qui a trait à la charge de la dette et à la trésorerie de l’État, aux appels en garantie de l’État, à l’épargne et à la majoration de rentes) et qui représente le second poste du budget de l’Etat après l’Education Nationale… Cinquante milliards d’euros ou, toujours peu ou prou, dix-sept porte-avions Charles de Gaulle ou 215 Airbus A 380…

Dans quelle entreprise gérée par des gens compétents une seule personne peut mettre en danger la société en jouant de telles sommes sans que sa hiérarchie soit au courant ? Ce que démontre ce qu’il faut bien appeler aujourd’hui « l’affaire Société Générale », c’est que soit les dirigeants de la banque savaient, et ils étaient complices, soient ils ne savaient pas, et ils étaient incompétents… A moins qu’ils ne furent les deux à la fois…

L'incapacité des élites à gérer une entreprise

Ce que démontre cette affaire est qu’une fois de plus les énarques ont montré leur incapacité totale à gérer les entreprises, les deux principaux dirigeants de la Société Générale à l’époque, Daniel Bouton et Frédéric Oudéa, qui reçurent à l’époque le soutien franc et massif du Gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, étant tous issus de l’ENA… Ce que démontre cette affaire est qu’encore et toujours les « Elites » françaises se soutiennent toujours entre elles et qu’elles ont toujours la capacité de trouver un lampiste pour cacher leurs turpitudes et leurs faillites…

Ce que démontre cette affaire est que le contribuable est en France encore et toujours le dindon de la farce puisque le Trésor Public a mis la main dans nos poches par le biais de Christine Lagarde qui, à l’époque, a fait un cadeau fiscal à cette banque dont le montant se situe aux alentours de 2 milliards d’euros (certaines sources parlent de 1,7 milliards, d’autres de 2,2 milliards).

Les puissants de l’oligarchie contre les lampistes… Les dilapidateurs de l’argent public contre les contribuables… Les technocrates gavés de stock options, de bonus, de « golden hellos » et de « golden parachutes » contre les clients qui payent des dizaines d’euros d’agios dès que leur compte est de dix euros dans le rouge… L’affaire Société Générale ou le mal français dans toute sa splendeur…

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Philippe David, 46 ans, est cadre dirigeant à l'international, auteur de plusieurs livres politiques dont le dernier, « De la rupture aux impostures », est sorti en 2012 aux éditions du Banc d'Arguin.Il est également chroniqueur sur Sud Radio.

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