Jérusalem capitale d’Israël: y a-t-il un risque de désordre mondial?

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Par Eric Verhaeghe Modifié le 7 décembre 2017 à 9h16
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Donald Trump vient de reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël. Les réactions se multiplient mais, à l’heure où cet article est rédigé, le 6 décembre 2017 dans la soirée, aucun trouble n’est survenu en Palestine.

La question de la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël est une vieille affaire qui empoisonne la vie du Moyen-Orient. Revendication quasi-historique des Israéliens, elle a néanmoins fait l’objet d’une mise en sourdine de la part du gouvernement israélien lui-même dans les années 90, au moment où le processus de paix se nouait entre les deux parties. En annonçant une reconnaissance unilatérale de Jérusalem comme capitale d’Israël, Trump jette un historique pavé dans une mare. Risque-t-elle de déborder?

Jérusalem, ville trois fois sainte

La sensibilité du sujet est tout entière résumée dans la formule: Jérusalem, ville trois fois sainte. Dans un mouchoir de poche, la vieille ville de Jérusalem (la fameuse Jérusalem Est) contient à la fois le mur des Lamentations, vestige du temple d’Hérode, l’esplanade des Mosquées et le fameux Dôme du Rocher, lieu d’où le Prophète aurait rejoint le paradis, et le saint-sépulcre où Jésus aurait été enterré.

Reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël à la place de Tel-Aviv, c’est de fait faire basculer une ville sainte musulmane dans le giron juif. On peut considérer cette décision comme un point de non-retour dans la tragédie israélo-palestinienne.

Un pavé trumpien dans la mare

Dans la pratique, ce choix de Donald Trump laisse planer peu d’ambiguïté sur le parti que les États-Unis prennent dans ce conflit. Concrètement, le rôle de médiateur devrait leur échapper définitivement désormais.

C’est ici que se niche la principale difficulté diplomatique. Dans l’affrontement latent (ou non) qui agite le Moyen-Orient, Trump risque de réunifier les sunnites et les chiites dans une stratégie anti-israélienne frontale, là où la diplomatie occidentale avait semé la zizanie. Dès lors, on voit mal quelle instance crédible pourrait encore pacifier les relations entre Musulmans et Juifs au Proche-Orient.

La crainte d’un embrasement

Reste à savoir si les Palestiniens eux-mêmes auront la force de se révolter. Rien n’est moins sûr. Beaucoup d’entre eux sont las d’un conflit qui les laisse sans illusion.

Mais… la reprise de l’Intifada n’est pas impossible, dans un contexte relativement différent des précédentes Intifadas. L’Iran, qui soutient le Hamas est désormais proche de l’arme nucléaire. La Syrie n’a plus grand chose à perdre dans cette région et bénéficie du soutien militaire direct de la Russie.

On le voit, Trump joue aux apprentis sorciers en faisant un pas en avant (attendu de longue date) dans un dossier extrêmement sensible, au moment où, par ailleurs, la Corée du Nord est proche de la guerre.

Les bourses déjà déstabilisées

On notera au passage que les marchés n’ont pas tardé à réagir négativement à cette annonce dont on peine à mesurer les effets à long terme, mais qui a toutes les apparences du kit ou double: ou ça passe, ou ça casse. Mais si ça casse, la rupture risque d’être très douloureuse.

Article écrit par Eric Verhaeghe pour son blog

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Né en 1968, énarque, Eric Verhaeghe est le fondateur du cabinet d'innovation sociale Parménide. Il tient le blog "Jusqu'ici, tout va bien..." Il est de plus fondateur de Tripalio, le premier site en ligne d'information sociale. Il est également  l'auteur d'ouvrages dont " Jusqu'ici tout va bien ". Il a récemment publié: " Faut-il quitter la France ? "

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