Ce mardi 22 novembre, j’ai rencontré le président de la République. Ce rendez-vous, demandé en juin dernier suite à notre élection, avait pour but d’exposer au chef de l’Etat notre vision de l’agriculture. Voici les principaux points que nous avons pu aborder pendant cet entretien, avec Samuel, Pierre-Marie et Baptiste qui m’accompagnaient.
J’ai commencé par rappeler à François Hollande que notre pays avait besoin d’entreprises agricoles qui soient des fermes, pas des firmes. « L’agriculture de type familial », comme nous l’appelons, est une agriculture centrée sur les hommes et les femmes qui la font. C’est la vision que porte Jeunes Agriculteurs : une agriculture avec des paysans nombreux. Notre activité est non délocalisable, porteuse de valeur ajoutée sur tous les territoires.
Lors de l’entretien, j’ai mis l’accent sur les vocations de demain qu’il fallait susciter. En effet, si nous voulons que des jeunes se lancent dans ce métier de passion, il faut continuer sans cesse à améliorer le dispositif d’accompagnement à l’installation. Et bien sûr le financer. Sur ce point, nous avons insisté pour que les crédits publics soient à la hauteur des besoins et des ambitions. Le Président de la République s’engage à ce qu’une loi de Finances rectificative, vienne compléter si nécessaire en cours d’année, un budget qui est annoncé à la baisse de 8 millions.
Nous avons aussi bien sûr parlé de conjoncture économique et de la crise que traversent certaines filières. Nous avons fait connaître notre engagement pour que la structuration de ces filières évolue. Nous avons rappelé au chef de l’Etat la situation inquiétante des relations commerciales entre l’amont – les producteurs – et l’aval – les transformateurs et distributeurs. Le législateur doit intervenir et il faudra sans soute remettre à plat la loi de Modernisation de l’Economie (LME), qui privilégie le pouvoir d’achat des consommateurs au détriment de l’amont. Mais en attendant, le Parlement vient d’adopter une loi « Sapin 2 » qui comporte des dispositions qui vont dans le bon sens. Il faut se dépêcher de la faire appliquer.
Enfin, nous avons évoqué l’échelon européen tout aussi crucial pour notre secteur. Pour Jeunes Agriculteurs, la construction européenne doit se poursuivre avec, au cœur de son action, une politique agricole ambitieuse et adaptée. Nous appelons à reconstruire une stratégie agricole commune et cohérente, avec des objectifs partagés, tout en prenant en compte les spécificités des territoires et en faisant confiance aux agriculteurs. Nous souhaitons une PAC équitable, qui reconnaisse les vrais agriculteurs, qui cherche à atténuer les aléas auxquels nous sommes exposés par des outils innovants et qui récompense nos résultats en matière d’environnement au lieu d’imposer des règles choisies seulement pour leur « contrôlabilité ».
Sur tous ces sujets, nous avons demandé au plus haut de représentant de l’Etat de porter la bonne parole : qu’il plaide pour ne plus perdre d’agriculteurs, pour faire reconnaître l’excellence de notre agriculture et de notre alimentation, qu’il défende notre profession quand elle est injustement mise en cause.
De ses mots à lui, j’ai envie de retenir l’idée que l’agriculture n’est pas que l’affaire des agriculteurs -dont le nombre ne doit en effet pas diminuer-, que c’est une cause nationale. Que sa diversité est une force, sa qualité, ses territoires, des atouts. Et la transmission un enjeu crucial.
J’ai apprécié l’écoute du chef de l’Etat durant l’intégralité de l’entretien et je pense qu’accorder une oreille attentive à la jeunesse est une bonne chose pour ce pays. C’est ce que j’attends du Président de la République et de tous les prochains candidats aux prochaines élections auprès de qui nous porterons les mêmes messages.