Parce qu’il concerne des millions de Franciliens, le projet du Grand Paris Express ne peut se faire sans la concertation des maires et élus locaux des huit départements et des 130 communes concernés par les nombreux chantiers. Au contact direct de leurs administrés, ces élus locaux sont un maillon essentiel de la chaîne qui mène tout chantier du stade de projet à celui de la livraison, par leur position d’interlocuteurs privilégiés tant pour la Société du Grand Paris que pour les entreprises du BTP à l’œuvre pour faire de ce projet un succès.
Avec pas moins de 300 chantiers pour construire les 200 kilomètres de lignes automatiques supplémentaires, les 68 gares et toutes les infrastructures nécessaires, le chantier du Grand Paris Express (GPE) est tout bonnement le plus grand projet urbain d’Europe. Les travaux nécessaires à l’allongement de la ligne 14 et à la construction des quatre nouvelles lignes 15, 16, 17 et 18 vont obligatoirement avoir un impact sur le quotidien des millions d’habitants des 130 communes concernées. Il est donc absolument nécessaire d’impliquer les élus locaux, et en particulier les maires, dans ce projet afin d’en assurer le bon déroulement.
Les maires, ambassadeurs du GPE au niveau local
Par définition, en tant qu’élus de proximité, les maires des communes franciliennes sont les personnes les plus à même de faire remonter auprès de la Société du Grand Paris (SGP) les desiderata, les attentes mais également les doutes ou les craintes de leurs administrés. Et comme ils connaissent mieux que quiconque le plan local d’urbanisme (PLU), ils s’avèrent être également de précieux interlocuteurs au moment d’arbitrer entre plusieurs alternatives lorsqu’il s’agit, par exemple, d’organiser les futurs travaux. Cela, la SGP l’a bien intégré dès le départ puisqu’elle a pris soin de réunir au sein du comité stratégique tous les élus des communes concernées par le GPE. Sous la présidence du maire de Vanves, Bernard Gauducheau, les membres de ce comité stratégique débattent et formulent des propositions sur le nouveau métro et les quartiers de gare, veillant notamment à ce que les riverains des chantiers s’accommodent des travaux malgré les nuisances. « Les élus sont en première ligne face aux interrogations des futurs usagers, des riverains, des commerçants. La réussite du Grand Paris Express passe aussi par notre capacité à renforcer l'acceptabilité sociale du projet », expliquait d’ailleurs Bernard Gauducheau dès 2016, soulignant ainsi l’importance du rôle des maires dans la bonne marche du GPE.
Du côté de la présidence du directoire de la SGP, là aussi une importance toute particulière a toujours été apportée aux maires. Déjà, en 2016, Philippe Yvin, alors président du directoire de la SGP, insistait sur le fait que le GPE devait être « un projet commun à la Société du Grand Paris et aux élus locaux ». « Les maires le portent au niveau local. Il y a une concertation approfondie sur l’implantation des gares et des ouvrages annexes, sur l’aménagement des quartiers de gare pour l’intermodalité, la circulation pendant les travaux, la vie du commerce local… Les sujets sont multiples en amont et pendant la vie du chantier », expliquait-il alors. Cette position, Jean-François Monteils, le nouveau président du directoire de la SGP, la partage totalement. Avant même d’être nommé, il a fait part de son attachement à la parole des élus, et notamment au comité stratégique, lors de son audition par la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable en mars dernier. D’ailleurs, une fois nommé, Jean-François Monteils a confirmé son souhait de travailler main dans la main avec les élus locaux, en mettant en avant leur « compétence d’aménagement, la légitimité pour l’exercer et la connaissance de ce que souhaitent leurs populations ».
Élus locaux et entreprises du BTP, un dialogue indispensable
Il n’y a pas que la SGP qui veille toujours à prendre en compte l’opinion des maires et des élus locaux dans le cadre des chantiers du GPE. Les différentes entreprises de génie civil qui prennent part à ce projet pharaonique sont elles aussi constamment à l’écoute des édiles. Cette oreille attentive à leurs doléances permet d’envisager au mieux les travaux afin de limiter les désagréments pour les habitants des villes concernées, mais aussi parfois de trouver un terrain d’entente pour gérer des situations complexes ou faire face aux aléas. Ainsi, à Saint-Maur-des-Fossés, dans le Val-de-Marne, Eiffage et Sylvain Berrios, le maire de la ville, ont noué un dialogue constructif pour, non seulement réduire les nuisances aux riverains, mais aussi faire profiter la commune de retombées positives. Il faut dire que le chantier était particulièrement complexe, puisque cette gare, sise en plein centre-ville, sera ni plus, ni moins, la plus profonde en France. Le maire de Saint-Maur-des-Fossés souhaitait donc que l’entreprise de BTP prenne des engagements afin de réduire au maximum l’impact des travaux de la gare Saint-Maur-Créteil pour ses administrés. Il voulait aussi qu’Eiffage s’engage à faire travailler au maximum des sociétés saint-mauriennes sur ce chantier. Après de fructueux échanges, une charte de développement durable et de responsabilité sociétale a été signée entre Sylvain Berrios et Benoit de Ruffray, le président d’Eiffage. L’entreprise de BTP s’est engagée à réduire le trafic des engins de chantier sur les voiries locales en privilégiant les itinéraires alternatifs, à recourir à la sous-traitance locale pour les travaux et à œuvrer pour l’emploi local. Des partenariats ont également été noués avec des artisans et commerçants locaux, pendant la durée des travaux. Plus récemment, c’est toujours grâce à la concertation permanente prônée par Eiffage que le chantier de la ligne 16 a pu reprendre après le premier confinement de 2020 en tenant compte des répercussions sur les riverains et avec le feu vert des mairies concernées.
Mais qu’adviendrait-il si le dialogue entre les élus locaux et une entreprise de BTP était rompu ? C’est justement ce qui se passe actuellement dans le Sud de l’Essonne où Stéphane Demeulemeester, le maire de Saint-Hilaire et président de la communauté d’agglomération Etampois Sud Essonne, a pris la tête de la contestation contre la création dans sa région par Bouygues Travaux Publics d’une installation de stockage de déchets inertes (ISDI) afin d’y stocker les terres excavées issues des travaux menés par la major du BTP pour le GPE. « Cela nous a été présenté initialement comme un remodelage des terres agricoles, mais cela va au-delà de ça et il y a des problématiques bien spécifiques à prendre en compte à Saint-Hilaire », tempête Stéphane Demeulemeester. Outre des risques de pollution de la nappe phréatique, d'inondations ou de glissements de terrain, les élus locaux s’inquiètent de voir passer pendant huit ans entre cinquante et soixante camions par jour pour transporter ces déchets. Du côté de Bouygues Travaux Publics, on affirme que le projet n’aura aucun impact négatif sur le « patrimoine environnant », ni sur « la ressource en eau », mais rien n’y fait : tous les élus locaux sont vent debout contre cette ISDI ! En l’absence d’un compromis, le dossier a été transmis aux services préfectoraux compétents et le projet est à l’arrêt. Une preuve supplémentaire, s’il en fallait, que les élus locaux sont un des maillons essentiels de la chaîne du GPE et que si l’un d’entre eux se brise, il y a toujours des conséquences…
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