L’IVG dans la Constitution : beaucoup de bruit pour rien ?

Le Sénat vient d’adopter la proposition de loi visant à faire inscrire le droit à l’IVG dans la Constitution. Tarte à la crème démagogique, avancée pour le droit des femmes ou détournement de la Constitution, les opinions sont partagées.

Adelaide Motte
Par Adélaïde Motte Publié le 29 février 2024 à 9h54
Ivg

Pourquoi inscrire l'IVG dans la Constitution ?

La proposition de loi pour intégrer l'IVG dans la Constitution française vise à garantir le droit à l'interruption volontaire de grossesse, en inscrivant la liberté de la femme de mettre fin à sa grossesse dans la Constitution. Ce texte était particulièrement défendu par la gauche et par le parti présidentiel, mais aussi par le Rassemblement National. En effet, les politiques qui remettent en cause le droit à l'avortement sont aujourd'hui assez rares.

L'un des arguments en faveur de l'adoption de ce texte était de pointer les différents pays remettant en cause le droit à l'avortement, notamment les Etats-Unis ou la Pologne, afin de montrer aux Français que l'avortement n'est jamais un droit acquis. Dans ces conditions, il devenait nécessaire de le garantir par une loi constitutionnelle pour s'assurer qu'aucun gouvernement ne puisse le supprimer.

IVG : ce qu'en pensent les Français

En France, le nombre d'IVG augmente depuis 1995. On en compte aujourd'hui un peu moins de 250 000 par an, ce qui représente un avortement pour trois naissances vivantes. Les femmes y ont particulièrement recours en Provence et dans les DROM. Une majorité de Français, qu'ils se déclarent sans religion (86%) ou catholiques (87%), ont un avis favorable sur l'avortement. Ce soutien s'étend également aux affiliés d'autres confessions, avec 76% d'opinions positives, bien que les musulmans affichent un taux légèrement inférieur à 66%. L'âge constitue un autre facteur de divergence : tandis que les plus de 65 ans plébiscitent massivement la légalisation, à 92%, l'adhésion diminue chez les 35-49 ans (80%) et davantage encore chez les 18-24 ans (71%).

La prochaine étape cruciale pour l'adoption définitive de cette loi est son passage à l'Assemblée Nationale. Ici, le texte doit être examiné, débattu et, éventuellement, voté à au moins deux tiers. Au vu de la composition de l'Assemblée nationale, cette étape tient presque de la formalité. L'issue de ce processus déterminera si l'IVG deviendra un droit constitutionnel inaliénable pour les femmes en France.

Adelaide Motte

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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