Mali : après l’indignation, le pragmatisme démocratique ?

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Par Philippe Get Modifié le 3 septembre 2020 à 13h51
Mali

Après plusieurs mois de contestation, le Mali a ouvert une nouvelle page de son histoire la semaine dernière. Des militaires ont pris le pouvoir et poussé le président Ibrahim Boubacar Keita à la démission dans la nuit de mardi 18 au mercredi 19 août. Un coup d’Etat qui a provoqué l’indignation générale, mais qui appelle au pragmatisme démocratique. Telle est la position de l’opposant Aliou Diallo.

Des soldats de Kati, l’une des plus importantes garnisons du Mali, ont déposé le président Ibrahim Boubacar Keita (IBK) dans la nuit du mardi 18 au mercredi 19 août. Une semaine plus tard, ils annoncent la mise en place d’« une transition politique civile » de trois ans devant conduire à des élections générales. Épilogue de plusieurs mois de contestation menée par le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5–RFP), ce coup d’Etat a suscité des condamnations diverses. La Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a notamment dénié « catégoriquement toute forme de légitimité aux putschistes » et exigé « le rétablissement immédiat de l'ordre constitutionnel », avant d’initier des négociations.

Tant mieux, car ces injonctions n’auraient fait que compliquer la situation au Mali, selon Aliou Boubacar Diallo. Le député de Kayes estime qu’après l’indignation légitime au lendemain du coup d’état militaire, il faut désormais tourner les regards vers l’avenir pour proposer une alternance véritable et commencer enfin la reconstruction du Mali qui a trop souffert.

La répression sanglante de juillet, le drame de trop

« Aujourd’hui, on ne peut que regretter et condamner l’intrusion des forces armées dans le jeu démocratique malien, mais on ne peut pas non plus ignorer que le peuple les soutient très massivement. L’intervention des militaires vient mettre un terme à une crise inextricable qui paralysait le pays depuis plus de deux mois et qui a coûté la vie à 23 de nos concitoyens tués par le régime d’IBK », a analysé le fondateur du parti ADP-Maliba.

Aliou Diallo considère que ce coup de force était devenu inévitable à cause de la corruption, du népotisme, du chômage et de l’insécurité dans le pays. Il assure avoir fait « tout ce qui était en [son] pouvoir pour que la contestation demeure dans le cadre constitutionnel et institutionnel », mais que le président Keïta a choisi de sortir par la petite porte. « Pour tous les Maliens, sa présidence a pris fin au terme des journées sanglantes de juillet (10 au 13). Lui, si fin stratège, n’a pas pris la mesure de l’indignation au sein d’un peuple qui a fini de lui tourner le dos devant les images des cadavres de nos frères », a fait remarquer celui dont le parti a quitté la majorité présidentielle après ces journées de répression sanglante.

« Restaurer l’état de droit, la stabilité et la sécurité »

Aliou Diallo tient surtout à rassurer la communauté internationale sur un éventuel risque de prise de pouvoir définitive de la part des militaires. Il met en avant le contexte malien. « Le coup de force de mardi peut au contraire être le vecteur d’un nouveau départ pour la démocratie malienne, débarrassée de ses embarrassants dinosaures et de leurs réflexes prédateurs », croit-il. Pour le président du groupe parlementaire « Benso », les alliés du Mali doivent plus que jamais l’épauler et non l’esseuler avec des embargos. « Je lance donc un appel à la communauté internationale, dont la présence et l’assistance ont permis de sauver l’essentiel depuis près de huit ans, de persévérer et même d’accélérer dans leurs efforts pour accompagner le Mali dans son cheminement souverain pour restaurer l’état de droit, la stabilité et la sécurité dans l’intégralité de son territoire national », a insisté l’homme d’affaires.

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