Mois sans tabac : les actions du gouvernement sont-elles efficaces ?

Chaque année depuis 2016, le mois de novembre en France est dédié à une campagne anti-tabac appelée Mois sans tabac. Une occasion de revenir sur les enjeux liés au tabagisme et les initiatives qui visent à lutter contre cette addiction.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 3 novembre 2023 à 11h01
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Tabac : un sujet aux multiples enjeux

Le tabagisme est un enjeu majeur de santé publique en France : il s'agit de la première cause de mortalité évitable avec près de 75 000 décès chaque année. Loïc Josseran, président de l'Alliance contre le tabac, tire la sonnette d'alarme : «Un fumeur sur deux va mourir de son tabagisme». Le message est clair : il est urgent d'agir. Mais comment ? Pour Josseran, la réponse est simple : «Si déjà en France on ne faisait que respecter l'interdiction de vente aux mineurs, en 20 ou 30 ans, on serait débarrassé du tabagisme».

Outre l'enjeu pour les jeunes, le prix du tabac est également un levier majeur pour réduire la consommation. Selon l'Organisation mondiale de la Santé, augmenter les prix est indispensable. « S'il y a une hausse des prix de 10%, la consommation baisse de 4% ». En plus d'être un enjeu de santé publique, le tabagisme est un véritable gouffre financier pour l'État : En 2019, le coût des soins de santé liés à la consommation de tabac s'est élevé à 16,4 milliards d'euros pour l'État, malgré les 13,1 milliards d'euros collectés grâce à la fiscalité sur le tabac. Et le coût ne s'arrête aucunement à ce chiffre. D'après l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), le coût social total du tabagisme s'élève à plus de 155 milliards d'euros par an !

Lutte contre le tabagisme : des initiatives trop timides ?

Dans le cadre des politiques et initiatives qui entrent dans la lutte contre le tabagisme, le Mois sans tabac reste un événement phare contre cette addiction. Depuis son lancement en 2016, plus de 1,2 million de personnes y ont participé, avec pour objectif principal d'arrêter de fumer pendant trente jours. Selon Santé publique, « arrêter de fumer pendant trente jours multiplie par cinq les chances d'arrêter définitivement la cigarette ». Pour autant, malgré les chiffres alarmants et les aspects positifs du Mois sans tabac, le nombre de participants à ce dispositif est plus qu'anecdotique : sur près de 15 millions de fumeurs, seuls 120 000 d'entre eux se sont inscrits au Mois sans tabac à la date du 1er novembre 2023, alors qu'ils étaient plus de 160 000 en 2022. Les autorités sont critiquées en raison du manque de renouvellement de l'initiative "Mois Sans tabac", alors que tout l'enjeu de cette campagne tient justement à sa capacité à stimuler la motivation des fumeurs pour arrêter.

Ce n'est pas le seul élément qui est pointé par l'Alliance contre le tabac. Cette dernière accuse les députés d'être aux « abonnés absents » après avoir refusé d'apporter leur soutien à une nouvelle hausse de la fiscalité du tabac. Certains membres de l'opposition ont même appelé à indexer les produits du tabac sur l'inflation. Si l'on peut se poser des questions sur ce qui semble être un choix totalement contre-productif, cela s'explique en réalité par le fait que le tabagisme touche davantage les personnes aux revenus modestes. Comme le souligne le comité national contre le tabagisme (CNCT), si 30 % de la population française fume quotidiennement, la proportion de fumeurs n'est pas la même selon la catégorie sociale de la personne. 45 % des personnes les moins diplômées fument, alors que la proportion de fumeurs chez les personnes ayant un diplôme universitaire n'est que de 26 %. Autre chiffre tout aussi alarmant : près de 40 % des ouvriers sont touchés par le tabagisme et plus de la moitié des chômeurs sont fumeurs.

La seule solution qui ait montré une légère efficacité est, comme l'a souligné Loïc Josseran, l'augmentation de la fiscalité sur le tabac. Néanmoins, malgré des hausses successives, le nombre de consommateurs de tabac stagne depuis plusieurs années. Par conséquent, la première conséquence de la hausse de la fiscalité sur le tabac est qu'elle appauvrit les foyers les plus modestes. En définitive, à moins d'interdire définitivement le tabagisme en France, la situation semble prise dans une impasse...

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin depuis septembre 2023.

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