Un discours prononcé à Riyad par le président des États-Unis Donald Trump a enclenché un changement d’approche diplomatique à l’égard de la Syrie. Ce revirement, accompagné de signaux fermes envers l’Iran, soulève des interrogations sur la nouvelle architecture régionale que Washington semble vouloir dessiner.
Moyen-Orient : Trump ajuste sa stratégie envers la Syrie

Depuis la capitale saoudienne, le président des États-Unis Donald Trump a annoncé la levée complète des sanctions économiques américaines visant la Syrie. Cette déclaration, effectuée en présence de responsables régionaux et d’investisseurs, marque un infléchissement significatif dans la politique étrangère des États-Unis vis-à-vis de Damas. La phrase du président a été sans ambiguïté : « J’ordonne la levée de toutes les sanctions contre la nouvelle direction syrienne. Ils méritent une chance de faire leurs preuves. ». Cette orientation intervient dans un contexte de reconfiguration du pouvoir syrien et s’inscrit dans une stratégie plus large de repositionnement régional.
Une levée de sanctions à visée diplomatique et stratégique
L’administration américaine justifie cette levée par la volonté de soutenir un processus de transformation politique en Syrie. Depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre 2024, le pays est dirigé par Ahmad al-Charaa, ancien membre d’un mouvement islamiste ayant rompu avec al-Qaïda en 2016. Le gouvernement américain considère qu’un nouveau cycle pourrait s’ouvrir sous sa direction.
Ce changement de posture est également lié à un effort de coordination avec plusieurs partenaires régionaux. Des échanges préalables ont eu lieu avec l’Arabie saoudite et la Turquie, dont les gouvernements ont soutenu l’idée d’un allègement progressif des restrictions afin de stabiliser la Syrie.
La levée des sanctions a aussi pour but de faciliter le retour des agences humanitaires, d’attirer les investissements privés pour la reconstruction et de réintégrer progressivement la Syrie dans les mécanismes économiques régionaux. Washington entend cependant maintenir une vigilance sur l’évolution de la gouvernance syrienne.
Pression maintenue sur l’Iran et repositionnement régional
Parallèlement à ce geste d’ouverture, Donald Trump a adopté une position ferme envers l’Iran. Il a déclaré : « L’Iran doit revenir à la table des négociations, ou faire face à des sanctions plus sévères. Le temps presse. ». La ligne de pression reste donc maintenue, notamment sur la question nucléaire et les actions de l’Iran dans la région.
La stratégie américaine distingue désormais les régimes jugés capables d’évolution et ceux considérés comme intransigeants. Cette approche vise aussi à limiter l’influence iranienne, notamment en Syrie et au Liban. La décision de lever les sanctions contre Damas pourrait contribuer à détacher la Syrie de son alliance traditionnelle avec Téhéran.
La tournée présidentielle au Moyen-Orient a été marquée par la signature d’accords économiques d’envergure. À Riyad, Donald Trump a conclu des contrats d’armement d’une valeur de 142 milliards de dollars (environ 132 milliards d’euros) et obtenu des engagements d’investissements saoudiens aux États-Unis pour 600 milliards de dollars (environ 560 milliards d’euros), selon les données officielles.
Une décision qui divise les alliés et interroge les équilibres futurs
La levée des sanctions a suscité des réactions contrastées. En Israël, plusieurs responsables ont fait part de leur inquiétude face à une réhabilitation trop rapide d’un pouvoir encore jugé incertain. Aux États-Unis, certains élus ont exprimé leur scepticisme sur les intentions réelles du nouveau président syrien.
En revanche, plusieurs pays arabes, dont l’Égypte et les Émirats arabes unis, ont salué cette ouverture comme une opportunité de stabilisation régionale. À Damas, des célébrations ont été rapportées, signe d’une attente forte de normalisation économique après des années de guerre et de sanctions.
L’administration Trump insiste sur le caractère conditionnel de cette levée. Des discussions sont en cours sur les modalités de suivi, notamment en matière de lutte contre les réseaux djihadistes et de respect des engagements internationaux. L’avenir de cette réorientation dépendra des actes posés par les autorités syriennes dans les prochains mois.
Une politique d’équilibre aux contours encore incertains
Ce changement diplomatique traduit une inflexion dans la manière dont les États-Unis souhaitent gérer leurs rapports avec le Moyen-Orient. L’administration Trump semble désormais privilégier une logique d’adaptation aux réalités locales, combinant ouverture sélective et fermeté ciblée.
Le cas syrien illustre cette volonté d’explorer de nouvelles options, en s’écartant de la logique précédente de sanctions systématiques. L’objectif affiché reste la sécurité régionale, mais les instruments mobilisés varient selon les partenaires et les circonstances.
Dans cette configuration, les équilibres restent instables. Le succès de cette nouvelle politique dépendra autant des réactions des acteurs régionaux que de la capacité de Washington à ajuster ses leviers de manière crédible.