Deux groupes se disant anarchistes revendiquent une attaque spectaculaire contre des infrastructures électriques en plein Festival de Cannes. Derrière la panne d’électricité, un manifeste politique. Entre dénonciation anticapitaliste et colère municipale, plongée dans une affaire où l’idéologie se branche sur les câbles.
Panne géante à Cannes : des anarchistes contre le festival

Le 24 mai 2025, une panne soudaine d’électricité a touché une grande partie de la Côte d’Azur. En plein Festival de Cannes, 160 000 foyers plongés dans le noir. L’affaire aurait pu se limiter à un problème de réseau. Mais elle a vite basculé dans le registre politique quand deux groupes anarchistes ont revendiqué les faits dans un manifeste coup-de-poing.
La panne d'électricité, un sabotage politique assumé
Les conséquences de cette panne ont été immédiates et visibles. Le réseau de transports en commun a été désorganisé, plusieurs intersections se sont retrouvées sans feux tricolores, et les appels d’urgence ont connu des ralentissements temporaires. Dans certains quartiers de Cannes, les commerces ont fermé précipitamment, incapables de maintenir leur chaîne du froid. Des séances du Festival ont été suspendues pendant près d’une heure, les pharmacies n’étaient plus signalées la nuit, et de nombreux habitants ont été bloqués dans des ascenseurs. Ce samedi 24 mai, ce ne sont pas que les écrans de la Croisette qui se sont éteints, c’est une partie entière de la ville qui a vacillé.
Dans un communiqué signé par deux collectifs se réclamant de la mouvance anarchiste, les auteurs revendiquent un double sabotage : un incendie à Tanneron (dans le Var) et la découpe méthodique de trois piliers d’un pylône de haute tension à Villeneuve-Loubet. L’objectif ? Dénoncer la logique industrielle, la consommation permanente, les infrastructures considérées comme « symboles d’oppression ». On retrouve dans ce texte les grandes lignes d’une pensée anticapitaliste, mêlant écologie radicale, critique de la société de spectacle, et rejet de l'État centralisé. Selon eux, provoquer une panne d'électricité permet d'attaquer le capitalisme.
Une attaque ciblée, une exécution chirurgicale
Selon la préfecture des Alpes-Maritimes, le sabotage du 24 mai a provoqué une panne d'électricité généralisée sur le littoral entre Antibes et Mandelieu. 160 000 foyers ont été privés d’électricité, avec des conséquences immédiates : transports perturbés, commerces paralysés, services publics désorganisés.
Le procureur de Grasse confirme que la structure métallique a été sciée avec des outils spécialisés, à des points de fragilité stratégiques. « Il s’agit d’un acte manifestement préparé, avec une intention de nuire claire », indique-t-il dans une note transmise à la presse au sujet de la panne d'électricité. À ce stade, les enquêteurs s'orientent vers une action militante d’une rare sophistication.
La réponse de David Lisnard, maire de Cannes
Le maire de Cannes, David Lisnard, a été l’un des premiers à dénoncer la panne d'électricité comme un acte de « sabotage politique délibéré ». Dans une intervention remarquée, il s’en est pris à ce qu’il appelle une « dérive nihiliste » menaçant les fondements démocratiques. « On ne combat pas une idéologie en s’en prenant à la vie des gens. Ce n’est pas de la politique, c’est du vandalisme idéologique », a-t-il déclaré.
David Lisnard, habitué des joutes oratoires, ne s’est toutefois pas contenté de condamner : il a exigé un renforcement de la sécurité sur les infrastructures critiques et un traitement judiciaire exemplaire. Le maire, qui s’est fait un nom au sein de la droite républicaine, en a profité pour évoquer la nécessité de réarmer l’État face à de nouvelles formes d’activisme radical.
L’idéologie face aux institutions : un test pour la République ?
Ce sabotage soulève une question brûlante : à partir de quel moment l’action militante devient-elle un défi direct à l’ordre républicain ? Les auteurs de l’attaque ne se cachent pas de leur volonté de brouiller les frontières entre sabotage matériel et contestation politique.
L'État, quant à lui, tente de restaurer l’équilibre. Le préfet des Alpes-Maritimes a qualifié l’acte de « dégradation ciblée d’intérêt stratégique », et annoncé que toutes les pistes sont examinées, y compris l’éventuelle structuration des groupes impliqués. Le ministre de l’Intérieur a demandé un renforcement immédiat de la sécurité sur les lignes à haute tension. Ces actions démontrent à quel point les infrastructures républicaines peuvent être fragilisées par des actions ciblées menées par de petits groupes déterminés.