Pourquoi Hollande doit-il laisser la place ?

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Par Jean-Louis Caccomo Modifié le 6 janvier 2017 à 11h50
Hollande Constitution Etat Urgence Echec Reforme Abandon
1,2 %Le nombre de chômeurs a progressé de 1,2 % depuis le debut du quinquennat.

Ce qui m’étonne le plus, c’est précisément l’étonnement général des commentateurs et analystes officiels. Il est pourtant aisé de constater que, depuis trente ans, aveuglés par leurs ornières idéologiques, ils se sont systématiquement trompés, enfermés dans le déni. De Reagan à Trump, ou encore l’euro qui devait être la solution miracle aux endettements des Etats, et plus récemment, le Brexit, l’ascension de Fillon (le troisième home…).

Pourtant, on continue à les inviter pour leur demander leurs savantes opinions. Si vous allez chez un médecin qui tue votre enfant, le consulteriez-vous à nouveau en cas de maladie ?

Depuis trente années que j’observe l’évolution de la situation économique de la France, il m’apparaissait évidemment que Hollande ne devait pas se représenter. D’ailleurs, je n’ai jamais compris pourquoi il a été élu… Compte-tenu de ses promesses péremptoires, il aurait même dû démissionner depuis longtemps. On se souvient tous du fameux « Moi, Président… ». N’importe quel locataire, quand il s’engage dans un bail, sait qu’il doit laisser au propriétaire un appartement dans l’état qu’il l’a trouvé, sauf le locataire de l’Elysée…

Hollande s’était engagé à inverser la courbe du chômage. Or, si l’on compare le niveau du chômage avant Hollande et après, il s’est accru. Ne lui jetons pas la pierre, ce fut le cas de tous les présidents qui l’ont précédé depuis Valery Giscard d’Estaing. Donc, il n’a rien inversé du tout, le Titanic continue de foncer sur l’iceberg. La réduction du temps de travail, notre modèle social, la hausse des prélèvements obligatoires n’y font rien ; pire, ils nourrissent précisément la cause du chômage structurel. Et ce n’est pas sur la base des derniers chiffres que l’on peut prétendre observer un changement de tendance, aucun statisticien sérieux ne s’y risquerait.

Hollande, fustigeant la finance internationale « notre pire ennemi » - que je sache, ce ne sont pas les traders qui tirent au bataclan -, avait promis éthique et transparence. Et les scandales n’ont pas manqué de lui éclater à la figure.

Mais il y a plus grave. Nos gouvernants affirment sans arrêt que nous avons le « meilleur système éducatif » au monde (et on pourrait dire la même chose de la santé), comme pour nous auto-persuader, alors que, d’années en années, tous les classements internationaux observent notre chute (classement mondial des universités, niveau de l’orthographe dans le primaire, niveau en math, lecture). Nos jeunes se détournent des mathématiques et des sciences alors que les débouchés se trouvent précisément dans des secteurs nécessitant des qualifications techniques pointues, et non de fausses compétences. On distille à longueur de temps de la morale citoyenne, teintés de bons sentiments, à l’école au détriment des fondamentaux. Mais à l’université, les étudiants ne savent plus écrire, faire une dissertation et comprendre la moindre équation.

Depuis trente années que j’enseigne à l’université, on me force à alléger sans cesse les programmes et les exigences. Malgré cela, chaque génération nouvelle d’étudiants trouvent au contraire que le niveau est de plus en en plus élevé, et peu de collègues se risquent à noter rigoureusement de peur d’encourir des plaintes quand ce n’est pas un procès. Je n’ose plus leur imposer les cours que j’ai moi-même suivi quand j’étais étudiant en sciences économiques. Voilà bien le résultat d’une politique éducative qui consiste à supprimer devoirs et notations dans le primaire au nom de la lutte (idéologique) contre les inégalités : le nivellement par le bas.

L’école a pour mission de transmettre les connaissances et non de faire « du social » quant aux parents, ils ont pour mission d’éduquer les enfants, pas d’en faire des enfants rois sans cesse à revendiquer des droits sans effort. Pourtant quand je rencontre les parents, ils sont tous persuadés que leurs chers bambins sont des surdoués…

La sanction dans la vie réelle sera sans appel car les lois de l’économie – comme les lois de la gravité - s’imposent à tous. Et faire croire à toute une génération qu’ils savent voler, c’est les envoyer au crash…

Le simple fait que François Hollande ait hésité, entretenant un pseudo-suspense digne de la farce tranquille, est proprement scandaleux. Reagan et Thatcher ont été plébiscités pour un second mandat car ils avaient redressé la situation désastreuse dans laquelle se trouvaient leurs pays respectifs quand ils furent élus. Les gens rationnels jugent aux résultats, pas à la couleur de la cravate ou à la popularité de la conjointe… Dans l’Hexagone, on les raillait comme on raille aujourd’hui ceux qui ne pensent pas comme nous. Mais le modèle français, personne ne veut l’importer, et pour cause… Nous héritons aujourd’hui d’un pays surendetté, au bord de la cessation de paiement, incapable de se protéger des attentats qui nous menacent, et gangréné par un chômage structurel destructeur. Quant à la croissance économique, elle n’a aucune chance de revenir durablement tant que nous nous accrocherons au mythe illusoire (et scientiste) de la relance keynésienne par la consommation, potion que tous les grands pays, qui ont retrouvé le chemin de la croissance, ont depuis longtemps abandonné.

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Jean-Louis Caccomo est docteur en sciences économiques de l'université de la Méditerranée Maître de conférences - HDR à l'IAE de l'université de Perpignan Via-Domitia. Il est également spécialiste des questions d'innovation et de croissance économique ainsi que chercheur en tourisme international et chroniqueur économique.Il anime enfin, depuis 10 ans, un blog à vocation pédagogique à l'attention de ses étudiants et du grand public.

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