Surpopulation carcérale : Darmanin et Retailleau réduiront-ils certaines peines ?

Un rapport remis au garde des Sceaux en mars 2025 préconise de réduire les peines de prison de certains détenus afin d’abaisser la surpopulation carcérale française. Une proposition accueillie avec réserve, voire hostilité, par plusieurs membres du gouvernement, dont Gérald Darmanin et Bruno Retailleau, qui privilégient une approche plus classique.

Axelle Ker
By Axelle Ker Last modified on 12 mai 2025 11h40
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Surpopulation carcérale : Darmanin et Retailleau réduiront-ils certaines peines ? - © PolitiqueMatin

Commandé en novembre 2024 par l’ancien garde des sceaux Didier Migaud, remis en mars 2025 à son successeur Gérald Darmanin, et rendu public par BFMTV le 10 mai 2025, ce rapport, rédigé par plusieurs hauts magistrats et personnalités issues du monde pénitentiaire, propose une réponse quelque peu controversée pour réduire la surpopulation carcérale en France.

S’inspirer de la crise sanitaire pour réduire la surpopulation carcérale

Alors que les prisons françaises ont atteint un nouveau record de surpopulation carcérale — 133 % de taux d’occupation au 1er avril 2025, avec 82 921 détenus pour 62 358 places —, le rapport remis à la Chancellerie en mars 2025 propose de s’inspirer des mesures exceptionnelles mises en œuvre en 2020 durant la crise sanitaire. Il recommande la mise en place d’une réduction exceptionnelle de peine pour certains détenus, qui serait activée automatiquement dès le franchissement du seuil national de 100 % d’occupation.

L’objectif est double : désengorger les établissements pénitentiaires et soulager les surveillants, confrontés à une surcharge de travail devenue ingérable dans de nombreuses maisons d’arrêt. Le rapport qualifie la surpopulation carcérale de véritable « état d’urgence ». Sa régulation serait encadrée par plusieurs garde-fous. Une liste d’exclusions serait ainsi définie par le Parlement, ainsi qu’un quantum maximal de peine au-delà duquel la mesure ne s’appliquerait pas. Le rapport souligne en effet que : « Dans un souci d’acceptabilité, il faudra notamment fixer un quantum de peine au-delà duquel le mécanisme ne s’appliquerait pas (…) ainsi que le quantum de la réduction de peine. » Parmi les profils exclus envisagés figureraient les personnes condamnées pour terrorisme, crimes graves ou violences conjugales.

Darmanin et Retailleau gardent leur cap

La diffusion dudit rapport a fait naître un provoqué un malaise au sommet de l’État. Rendu public par BFMTV, celui-ci n’a pas manqué de faire réagir le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, qui, par la voix de son entourage, a déclaré à l’AFP qu’il n’était « pas du tout favorable » à ces recommandations. Un rejet qui vise à réaffirmer la ligne de fermeté du Garde des sceaux et à éviter d’alimenter, dans l’opinion publique, l’idée persistante d’un laxisme de la justice française.

La réserve de Gérald Darmanin est partagée par le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui privilégie une approche opposée. Son entourage a en effet déclaré à nos confrères de BFMTV qu’il convient « de construire des prisons » plutôt que de réduire les peines. Gérald Darmanin prévoit de s’exprimer publiquement sur ledit rapport dans les prochains jours.

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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