Le revenu universel : comment refonder notre système social ?

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Par Sens Commun Publié le 26 février 2017 à 0h15
Revenu Universel Europe
349 milliards d'eurosL'instauration du revenu universel coûterait 349 milliards d'euros par an à la France, d'après le think-tank Institut Montaigne.

La campagne présidentielle fait surgir un nouveau débat : doit-on instaurer un revenu universel en France ?

Aujourd’hui, le modèle social français est malade : l’Etat dépense un tiers de ses revenus en redistribution et assurance sociale, soit 690 milliards d’euros par an, ce qui fait d’elle la championne des dépenses en protection sociale. Et pourtant, 8,8 millions des Français, soit 14,1%, vivent sous le seuil de pauvreté et le taux de chômage ne parvient pas à diminuer. A cela s’ajoute un modèle économique global en pleine mutation : l’autonomisation et la robotisation remplacent les hommes et rendent impossible un retour au plein emploi. Tout du moins, tel est l’argument utilisé par les promoteurs du revenu universel, somme versée sans condition à tous les citoyens et cumulable avec d’autres revenus.

Face à ce constat d’échec de notre modèle social, face au remplacement de la main d’œuvre par des robots, la solution du revenu universel attire. En la plaçant au cœur de sa campagne, Benoît Hamon permet de s’attirer une certaine attention. Le candidat souhaite verser à terme 750 euros à tous les citoyens de plus de 18 ans, sans condition de ressources et pour le financer, il souhaite fusionner plusieurs prestations sociales et lutter contre la fraude et l’optimisation fiscale.

Cette proposition de réforme masque toutefois une vision du monde social et économique fausse. Benoît Hamon appuie sa proposition sur le fait qu’un retour au plein emploi est impossible et que l’uberisation de la société et la révolution numérique vont mettre à mal l’emploi salarié. Le cabinet américain Wagepoint vient rectifier cette vision en rappelant qu’aucun des 10 emplois les plus sollicités en 2015 n’existait en 2004 : le nombre de développeurs iOS ou Android ou de spécialistes du marketing numérique croissent à vitesse grand V. Aux politiques toutefois d’accompagner et de guider ces changements économiques plutôt que de faire croire que l’État peut garantir un revenu universel sans lien avec un travail quelconque.

Toutefois, ce débat permet de mettre à jour des dysfonctionnements profonds de notre modèle social. Le revenu universel vise avant tout à simplifier les aides d’État, ce qui est impératif dans un pays où « il y a presque autant de prestations sociales que de départements » selon François Fillon. Mais rendre automatique le versement d’une aide vient remplacer le devoir de solidarité en un droit à l’assistanat. Le cycle de dé-responsabilisation des citoyens qu’engagerait le revenu universel va à l’encontre de la vision de la justice sociale et du travail défendue par Sens Commun. Aujourd’hui, notre système social hypertrophié bride le potentiel de la France, étouffe ses talents en ne donnant pas une place suffisante à l’innovation. C’est par des politiques permettant réellement de créer de la richesse que nous rendrons possible une équitable redistribution.

Enfin, cette proposition révèle le grand drame de la pauvreté croissante en France. Si la mise en place d’un revenu universel sans conditions permettrait de l’abolir à court terme, elle la provoquerait dans une ampleur irrémédiable à moyen et long terme en favorisant les conditions d’un appauvrissement général. A moyen et long terme, c’est la création de richesse par le travail qui permet d’abolir la pauvreté. A court terme, c’est une solidarité respectueuse de la dignité de la personne, celle qui traduit dans les faits le droit constitutionnel de l’accès au travail.

Au revenu universel, nous préférons une allocation unique, défendue par François Fillon, qui fusionne assurance chômage, assurance vieillesse et autres prestations sociales et sera distribuée en fonction des besoins et des conditions de chacun.

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Sens Commun est un mouvement proche du parti Les Républicains et pro-François Fillon. Né suite aux grandes manifestations contre la loi Taubira de 2013, le mouvement compte aujourd'hui 9 000 adhérents. Ses membres sont majoritairement jeunes (l'âge moyen est de 30-35 ans) et diplômés.

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