Sécurité routière : quand la mort devient un argument marketing

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Par Jehanne Collard Publié le 4 mai 2015 à 14h05
Securite Routiere Assurances Jeunes Permis

La mort sur la route, marketing des assureurs. Voici que la mort sur la route devient un argument marketing. Ce cynisme commercial fait bien peu de cas des familles endeuillées.

Un assureur automobile vient de sonder les Français sur la mort des jeunes sur la route. On apprend ainsi que 86 % des sondés savent que les 18-24 ans sont la catégorie qui paye le plus lourd tribut à l’insécurité routière (19,5 % des tués et 19 % des blessés pour seulement 9 % de la population. "Fort bien, commente maître Jehanne Collard : cela prouve que les efforts des associations, les campagnes de prévention n’ont pas été vains".

Le même sondage montre que 89 % des Français attribuent cette vulnérabilité des jeunes conducteurs à une consommation excessive d’alcool et un manque de formation. Là encore, selon Jehanne Collard, ce sondage est le bienvenu : ces résultats confirment la prise de conscience des vraies causes de cette hécatombe. Mais, pour l’avocate, lorsque l’assureur commanditaire se sert de l’enquête d’opinion pour faire plébisciter sa nouvelle police "jeune conducteur", la gêne s’installe.

"Voici que la mort sur la route devient un argument marketing. Ce cynisme commercial fait bien peu de cas des familles endeuillées (plus de 3300 par an) et des dizaines de milliers de gamins tétraplégiques ou en fauteuil roulant. La gêne se mue en colère quand on découvre les bonus cette assurance qualifiée de "visionnaire" par l’assureur : une heure supplémentaire d’auto-école, trente minutes de quizz en ligne, trois taxis gratuits et une assurance 30% moins chère. Voici ce qui est censé sauver des vies !

"Faire croire aux jeunes automobilistes et surtout à leurs parents angoissés que ces gadgets vont leur garantir de rester vivant et valides, relève d’une dangereuse imposture. La surmortalité des jeunes au volant est un problème grave que les assureurs auraient tout intérêt à traiter sans démagogie. En finançant de vrais stages de conduite ou des bourses à la préparation du permis, en liant leur politique tarifaire à la pratique de la conduite accompagnée ou à des formations prolongées. Pas en vendant des illusions mortifères".

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Jehanne Collard est avocate, spécialisée dans la défense des victimes d'accidents. 

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