Lors du meeting de rentrée du Parti socialiste, lundi 29 août, à Colomiers, en Haute-Garonne, le Premier ministre, Manuel Valls, a déclaré : « Marianne elle a le sein nu parce qu’elle nourrit le peuple, elle n’est pas voilée parce qu’elle est libre ! C’est ça la République ! » Des propos immédiatement contestés par des historiens.
Marianne n’est pas le symbole du féminisme
Après des jours et des jours de polémique autour de la question de l’interdiction du burkini sur nos plages françaises, le Premier ministre, Manuel Valls, s’est lancé dans un discours offensif sur la question de la laïcité. Pour cela, il a évoqué le tenue de Marianne, qui est souvent représentée le sein nu et sans voile. Une prise de position qui n’a pas été du goût d’un certain nombre d’historiens, qui se sont fait entendre mardi 30 août.
« Marianne a le sein nu parce que c'est une allégorie », a avancé Mathilde Larrere, spécialiste de la citoyenneté. « Tout ce qui se joue là est l'image que l'on veut donner de la République, et pas du tout ce qu'on veut dire des femmes ! » Et d’ajouter sur le site de L’OBS : « Les tentatives d’instrumentalisation par le politique de l’histoire, et plus particulièrement de l’histoire de la République, sont loin d’être rares dans notre pays. Manuel Valls vient une fois encore de l’illustrer ».
Ce sein n'a rien à voir avec la liberté des femmes
« Toute l'iconographie révolutionnaire a exalté le sein maternel à la fois pour développer un érotisme acceptable politiquement et surtout pour insister sur le rôle de la femme comme mère - ce qui précisément limitait sa liberté », confirme Jean-Clément Martin, historien spécialiste de la Révolution. « La monstration du sein n'a rien à voir avec la liberté des femmes ».
La question du voile n’est pas non plus passée inaperçue. Faut-il comprendre que toutes les femmes qui portent un voile ne sont pas libres ? « Je m’en voudrais que l’on enseigne cette idée que l’on est libre parce qu’on est nu. Libre de quoi ? Mais est-on libre de sa décision, que l’on soit nu ou grillagé ? », s’est interrogé Jean-Luc Mélenchon, sur BFM TV.
Finalement, le Premier ministre aura-t-il réussi à mettre un terme à la polémique ? Rien n’est moins sûr...