UKRAINE, une guerre horrible, idéologique pour l’honneur jusqu’au boutiste?

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Par Daniel Moinier Modifié le 24 janvier 2023 à 9h44
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Avant le démarrage de cette guerre le 24 février 2022, il y avait déjà eu pendant 8 ans, 14.000 morts entre pro-russes et pro-ukrainiens dans le Donbass notamment avec des groupes Azov côté Ukraine et Wagner côté russophone. Ce n’était pas une guéguerre mais une véritable guerre avec tous les engins modernes de défense et beaucoup de morts, de destructions, dont la ville de Marioupol à plus de 50%. Cette guerre n’aurait pas dû démarrer si les accords de Minsk I, puis Minsk II, avaient été respectés mais aussi validés par l’OTAN.

Un rappel très important des 10 ans de conflit du Donbass et des différents accords de Minsk est nécessaire pour connaitre les tenants et aboutissants de ce conflit.

Les accords dits « Minsk II» ont été signés en 2015 pour mettre fin à la guerre entre le pouvoir ukrainien et les républiques séparatistes de Donetsk et de Lougansk, soutenues par la Russie.

Après l'échec d'un premier accord signé en septembre 2014 (Minsk I), les chefs d’État français, allemand, russe et ukrainien sont parvenus à un nouvel accord de paix (Minsk II) le 12 février 2015.

Ces premiers, malgré la difficulté de les respecter ont permis provisoirement une forte atténuation du conflit.

Que contenaient ces nouveaux accords de Minsk II ?

Ils prévoyaient un cessez-le-feu immédiat, l’amnistie pour les participants du conflit, la mise en place d’une zone tampon démilitarisée, la libération de prisonniers. Mais aussi une réforme de la constitution Ukrainienne, dont le but était d’accorder plus d’autonomie aux provinces du Donbass avec une prévision d’élections locales.

Ces provinces du Donbass avaient fait sécession en 2014 peu après l’annexion de la Crimée par la Russie.

Un rappel des résultats de cette élection : Si la population a approuvé le transfert de la Crimée de l'Ukraine à la Russie à une écrasante majorité (96,77 %), le résultat n'a pas été reconnu ni par l'Ukraine ni par la communauté internationale, il est dénoncé par l'ONU et par les ONG de défense des droits humains !

Il ne faut pas oublier que pour les Russes c’est une guerre qui est existentielle et pas du tout pour les USA.

Processus d’application de ce dernier accord

Une seule disposition a été intégralement appliquée, l’échange des prisonniers. La Russie voulait d’abord l’autonomie de la région et l’organisation d’élections, par contre l’Ukraine voulait la démilitarisation du Donbass comme préalable à toute autre démarche.

D’autre part, une partie du peuple ukrainien évoquait une capitulation face à la Russie. Ils avaient déjà eu en 2015 des émeutes de protestation contre l’autonomie.

Une nouvelle tentative ou Formule de conciliation a été mise en place en 2019 par le ministre allemand Steinmeiers, qui prévoyait l’application d’un statut spécial provisoire aux provinces sécessionnistes qui prévoyait un calendrier électoral. La réponse immédiate d’une partie de la population ukrainienne s’est exprimée par des manifestations contre la « capitulation ».

Selon Jpg Forbih, les accords sont également devenus le principal point de référence pour les sanctions de l’Occident contre la Russie, pays agresseur, ce qui constitue un rempart important contre ceux qui, dans l’Union européenne et aux États-Unis, souhaiteraient qu’elles soient levées sans tarder. Enfin, les accords, associés aux sanctions, ont probablement empêché que la guerre ne s’étende, au-delà du Donbass, plus profondément sur le territoire ukrainien.

Des sanctions ont été mises en place contre la Russie depuis 2014 :

Sommet de l’UE-Russie annulé. Les États membres ont décidé de ne plus tenir de sommets bilatéraux périodiques avec la Russie.

Les discussions bilatérales sur les visas ont été suspendues.

En lieu et place du sommet du G8 à Sotchi annulé, un G7 des 4 et 5 juin 2014 s’est tenu à Bruxelles sans la Russie.

Autres mesures d’exclusions :

l’U.E a suspendu les négociations relatives à l’adhésion de la Russie à l’OCDE : Organisation de coopération et de développement économiques.

Et également à l’IAE : Agence Internationale de l’Energie.

Autres restrictions économiques après l’annexion de la Crimée et la non-réussite des accords de Minsk II

Il est interdit :

D’importer certains biens

D’exporter certains biens technologiques

De fournir certains biens et services de conseils d’assistance

-Des restrictions en matière de coopération économiques de 2014 :

-La BEI (Banque Européenne d’Investissement a dû suspendre la signature de nouvelles opérations de financement dans la Fédération de Russie

-Les États membres de l’UE ont décidé de coordonner leurs positions au sein du Conseil d’Administration de la BERD : Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement, en vue de suspendre aussi le financement de nouvelles opérations

-La mise en œuvre des programmes de coopération bilatérale de l’UE avec la Russie a été réexaminée et certains programmes ont été suspendus

Un des éléments qui avait pu irriter fortement Poutine, c’est un accord tacite qui avait été exprimé en février 1990 par des personnalités américaine, tel le Secrétaire d’État James Baker, lors d’une invitation au Kremlin qui avait annoncé : « supposons que la réunification ait lieu, qu’est-ce qui est préférable pour vous : une Allemagne unifiée en dehors de l’OTAN, entièrement indépendante, sans troupes américaines, ou bien une Allemagne unie, qui maintient les liens avec l’OTAN, mais avec garantie que ni l’unification, ni les troupes de l’OTAN ne s’étendront pas à l’Est de la ligne actuelle ?

Gorbatchef aurait ensuite déclaré : « Il est entendu et il est clair que l’élargissement de la zone de l’OTAN est inacceptable ». Ce à quoi Baker aurait répondu : « Nous sommes d’accord là-dessus ».

Autre affirmation en 1990 lors d’un discours prononcé par le ministre allemand des Affaires étrangères ; Hans-Dietrich Gencher : « Je veux que l’OTAN affirme sans équivoque que peu importe ce qu’il adviendra au sein du Pacte de Varsovie, il n’y aura pas d’expansion du territoire de l’OTAN vers l’Est, c’est-à-dire plus près des frontières de l’Union Soviétique ».

Autre précision apportée par Amélie Zimma (Spécialiste de l’OTAN) « En 2004, il n’y a pas eu d’opposition majeure à l’élargissement alors que c’est le premier accord réalisé par l’OTAN avec des pays de l’ex-union soviétique », mais elle estime d’autre part, que c’est en 2008 qu’a vraiment débuté la dégradation des relations entre l’OTAN et la Russie au moment de la guerre en Géorgie. Par contre le Président russe craint plutôt les effets de l’accord d’association signé entre Kiev et les vingt-sept en février 2022. C’est donc la force d’attraction de l’Union Européenne en Ukraine qui le gêne le plus.

Actuellement, en Europe ce sont 20 pays qui sont impliqués dans le conflit. Ils accentuent d’ailleurs de plus en plus l’envoi d’armes lourdes et sophistiquées.

D’autre part, le nombre d’étrangers participants au conflit sur le terrain s’est encore accentué. Ce n’est pas nouveau puisque cela avait commencé au début de la guerre du Donbass avec la création des « Bataillons de volontaires ukrainiens en 2014, telle la légion géorgienne jouissant d’une autonomie. Il y avait déjà beaucoup de volontaires aguerris. Le président Volodymyr Zelensky peu après son arrivée a regroupé ces différentes factions, notamment la « Légion étrangère ukrainienne » qui s’appelait : « Légion Internationale pour la Défense de l’Ukraine » et « la force de défense territoriale ukrainienne » opérant au sein du groupe « opération militaire spéciale » dans la nouvelle formation appelée : « Légion Internationale ».

Aux dernières « informations sérieuses » du 6 mars 2022, selon le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba, plus de 20.000 individus se sont portés volontaires pour se battre en Ukraine.

Certains sont arrivés directement de formations créées dans leur pays tel : le Bataillon Djokhar Doudaïev et le bataillon Cheikh Mansour formé par des Tchétchènes anti-russes et anti-Kadyrov, le groupe tactique Belarus formé par des Biélorusses anti-Loukashenko et le bataillon Noman Celebicihan, formé par les Tartars de Crimée opposés à l’annexion de la Crimée par la Russie. A noter que la légion géorgienne forme à l’anglais les volontaires étrangers pour le maniement des armes et cela depuis 2014.

D’autre part le Bataillon Azov, initialement formé par des Ukrainiens nationalistes et néo-nazis en réponse au groupe Wagner, compte beaucoup d’organisations étrangères et extrémistes similaires.

Ces combattants externes proviendraient de 52 pays.

Ce sont les Polonais qui arrivent en tête avec 1853 combattants dont 991 tués, les canadiens dont 77 tués, les américains 544 dont 220 tués, les roumains 504 dont 123 tués, les anglais 429 dont 124 tués, la France 185 dont 73 tués. Puis les africains : 85 Nigérians, 25 Sud-Africains, 15 Sénégalais, 10 Guinéens, 5 Libériens…

Les grands pays aident beaucoup l’Ukraine par des aides technologiques, radars, surveillance par satellites…y compris avec les formateurs de ces armements complexes soit sur place et à distance.

Les habitants s’y sont mis aussi en informant l’armée sur les positions des troupes russes avec leur portable.

L’aide totale financière et matérielle à la fin de l’année 2022 avoisinerait les 100 Milliards d’euros, dont presque les ¾ pour les USA.

J’avais écrit que plus les alliés de l’Otan offriraient à l’Ukraine une aide tant technique qu’en armements, plus la guerre s’intensifiera avec de plus en plus de morts et de destructions.

Ces derniers jours, le Général américain des armées Mark Milley, le Général d’Etat Major français Thierry Burhkard ainsi que Jans Soltenberg Chef de l’OTAN annonçaient chacun, compte tenu du contexte, de la résistance russe que la guerre se poursuivrait au minimum jusque fin 2023, voire beaucoup plus.

Elle devient même une guerre de tranchées avec presque des corps à corps. Hier soir j’entendais sur la chaîne 26 très spécialisée sur cette guerre, qu’il y aurait eu environ 600 morts de chaque côté. A ce rythme, le nombre de morts va devenir énorme. Sur un mois ce serait 36.000 décès et beaucoup de blessés !

D’après le général Estonien du renseignement M. Grosberg il y aurait à fin 2022 environ 100.00 tués ou blessés indisponibles de part et d’autre. D’un autre côté, il y aurait environ 2990 engins, avions, navires détruits ou perdus du côté ukrainiens contre environ 5700 du côté russe.

La Russie n’est pas en manque de matériel. Elle dispose encore malgré 1400 chars perdus, de 3000 en réserve dont 200 chars lourds modernes des T90M. Du côté munitions, elle a déjà tiré 10 millions d’obus sur un stock de 17 millions. Sa production annuelle serait de 3,4 millions.

Le nombre d’ukrainiens.es ayant désertés.es le pays s’élève à fin 2022 à 6,5 millions. Le premier pays d’accueil est l’URSS avec 2,2 millions de personnes, la Pologne suit avec 1,3 million puis l’Allemagne près d’un million, la Tchécoslovaquie, l’Italie, la Turquie, l’Espagne sont devant la France avec ses 97.000 personnes.

Autre information sur sa gestion, elle n’a que 19,2% de dette comparée à la France avec ses 115%.

Pour mieux comprendre l’évolution de Vladimir Poutine pendant plus de 20 années de pouvoir :

Un peu d’histoire de la Russie depuis son élection du 26 mars 2000

À son arrivée c’était la loi de la jungle depuis une décennie. Il rétablit l’état et met au pas les oligarques qui ont fait fortune lors des privatisations des années 1990. Il réforme une économie à l’agonie depuis une dizaine d’années. Il simplifie la fiscalité en créant un impôt à taux fixe, diminue la TVA et l’impôt des sociétés, il crée des aides familiales pour stimuler la natalité ce qui va assurer une très forte croissance jusqu’en 2008 (+ 5 à 10% par année), qui permet de réduire la dette à 15%, de financer le système social et de constituer d’importantes réserves. Il a bien été aidé pendant cette période par une production de pétrole importante. Il s’est tourné vers l’Occident y compris avec le président Bush à qui il ouvre les portes de l’Asie pour y établir ses bases militaires. En 2004, il est réélu avec 71%, ce second mandat devient plus difficile avec la « guerre » en Géorgie et surtout une dégradation des relations avec l’occident suite à l’élargissement de l’OTAN aux sept pays d’Europe de l’Est, malgré les promesses faites. Avec l’épisode Medvedev au pouvoir ; une parenthèse d’une libération très relative ; c’est la crise économique mondiale de 2008 qui est subit de plein fouet. Son PIB chute lourdement, la diversification n’a pas été suffisante et la morosité s’installe. La guerre en Libye en 2011 et la fin de Kadhafi est mal vécue contre l’ingérence de l’occident.

Avant l’élection de 2012, le Kremlin est persuadé d’avoir échappé à une tentative de changement de régime par une ONG financée par les Etats-Unis.

Ses relations tendues avec l’occident ont modifié son comportement. Il devient plus autoritaire et conservateur. Ce mandat est considéré comme répressif et régressif. La liberté de la presse est remise en question. A sa gauche il a le parti communiste et à droite un mouvement nationaliste qu’il doit réguler. Son nationalisme est encore plus accentué par un contexte international qui se dégrade. Cela augmente encore avec la crise ukrainienne et la « guerre » du Donbass. Ce qui l’irrite au plus haut point, c’est un manque de reconnaissance alors qu’il a fait de gros efforts de rapprochement et de coopération avec l’Occident. Il estime que ses apanages ont été systématiquement ignorés même bafoués en ne respectant pas ses zones d’influence et d’intérêts.

Avec cette guerre, la Russie a fortement accentué un activisme en direction d’un arc non occidental qui va de l’Afrique à la péninsule coréenne se tournant en priorité vers le groupe des BRICS, en premier la Chine, en continuant de soutenir la Syrie depuis l’intervention de 2015.

Depuis sa réélection de 2018, son quatrième mandat, il fait face à un climat politique tendu. Le serrage de vis libéral a libéré des forces conservatrices. Contrairement à certaines apparences, Il n’est pas porté par la course aux armements avec les Etats-Unis.

Une de ses phrases peut résumer une certaine ambivalence ou ses différents visages :

« Celui qui ne regrette pas l’URSS n’a pas de cœur, celui qui souhaite sa restauration n’a pas de tête ».

Que peut-on espérer ? Que l’idéologie et le jusqu’au boutiste des protagonistes puissent par un élément imprévu se transformer en miracle et sauver des vies ! Où en entente cordiale ce serait beaucoup dire !

www.danielmoinier.com

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C.Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

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