Il s’en est fallu de peu pour que cette élection à la présidence de LR ressemble à une formalité. Elle a tourné à la démonstration. Un score sans appel en faveur du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau. Les cartes sont rebattues à droite, mais la partie pour 2027 ne fait que commencer.
Bruno Retailleau écrase Wauquiez et prend la tête des Républicains

74 000 votes contre 25 000 ! Aucun suspense. Aucune échappatoire. Wauquiez a pris l’eau, Retailleau a pris le pouvoir.
Retailleau écrase Wauquiez : un verdict sans appel
Le suspense aura été de courte durée. 74,3 % des suffrages pour Bruno Retailleau, contre 25,7 % pour Laurent Wauquiez, selon les résultats dévoilés ce dimanche 18 mai 2025. Les plus de 120 000 adhérents LR, mobilisés à plus de 80 %, ont tranché sans équivoque. Retailleau est désormais le nouveau président des Républicains, tout en conservant (pour l'instant) le ministère de l’Intérieur. Son Premier ministre, François Bayrou, a salué cette « magnifique victoire », soulignant la volonté de « faire cause commune » pour redresser le pays.
Une victoire logique pour l'ancien sénateur, il a réussi sa campagne : présence sur le terrain, exposition médiatique permanente grâce à Beauvau, un appui massif des ténors de la droite (Gérard Larcher, Xavier Bertrand, Valérie Pécresse...). Le Vendéen de 64 ans, discret pendant de nombreuses années en politique, a su transformer la fonction ministérielle en tremplin politique. Et il ne compte pas lâcher son poste à Beauvau. « Je reste à Beauvau », a-t-il lâché sur le plateau de TF1, quelques heures après sa victoire.
En face, Laurent Wauquiez n’a jamais vraiment trouvé la cadence. L’homme fort du groupe LR à l’Assemblée s’est lancé avec l’assurance de celui qui pense jouer à domicile. Mais la mécanique s’est rapidement grippée. Entre tentative de blitz militant (près de 80 000 adhésions en deux mois) et multiplication de propositions chocs, dont l’envoi des OQTF à Saint-Pierre-et-Miquelon, la campagne de Wauquiez a viré à la fuite en avant.
Ses angles d’attaque ? L’incompatibilité de Retailleau avec une présidence « libre » du parti, et la peur d’une droite dissoute dans le macronisme, avec la présence de Retailleau dans le gouvernement Bayrou. Mais les militants n’ont pas suivi. « Quand vous en êtes à sortir un truc comme ça, c’est que vous commencez à être désespéré », lâche un proche de Retailleau.
2027 déjà dans le viseur ?
Cette victoire ouvre une autoroute. Mais le bitume est encore fracturé. Retailleau hérite d’un mouvement en convalescence, affaibli par les fractures internes de ces dernières années (le score catastrophique de Pécresse à la présidentielle de 2022) et le souvenir l’alliance controversée Ciotti-RN, lors des élections législatives de 2024. Le nouveau président devra trancher : resserrer les rangs autour d’un noyau conservateur, ou élargir le spectre jusqu’au centre droit.
La ligne est posée : « Je pense que ce qui structure la vie politique, ce sont les convictions. Je n’ai jamais cru aux accords d’appareils », a-t-il assuré sur TF1, écartant toute alliance avec Édouard Philippe ou François Bayrou.
Mais la base LR reste agitée. Hervé Morin réclame déjà une primaire ouverte de Renaissance aux Républicains pour 2027. D’autres veulent confier l’investiture aux seuls adhérents LR, sans alliance avec le bloc central. Retailleau devra choisir.
Le succès de Retailleau le propulse comme candidat naturel de la droite pour la présidentielle de 2027. Mais Laurent Wauquiez n’a pas rendu les armes. Depuis son fief de Haute-Loire, il a reconnu sa défaite, tout en laissant planer un doute stratégique : match retour à venir ? Scission ? Départ ? Rien n’est exclu.
Dans les couloirs LR, certains parlent déjà de lui comme d’une "Human bomb", prêt à faire exploser l’édifice s’il n’obtient pas de place au sommet, malgré son mauvais score face au ministre de l'Intérieur.