Chômage : Hollande battu en 2017

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Par Jacques Bichot Modifié le 3 juin 2015 à 9h16
Francois Hollande Chomage Echec 2017

La réélection de François Hollande se jouera pour une part importante sur la situation de l’emploi. Or il est fort probable que celle-ci ne s’améliorera pas d’ici 2 ans.

Bien d’autres facteurs entreront en ligne de compte, qui relèvent plutôt de la compétence des politologues, mais sur celui-ci un économiste doit prendre le risque de se prononcer. Voici donc les raisons qui me poussent à penser que le chômage aura augmenté, rendant improbable la réélection de l’actuel Président.

Les créations d'emplois resteront faibles

Le chômage dépend des créations d’emplois, des arrivées sur le marché du travail, et des sorties de ce marché. Les pouvoirs publics français ont tellement compliqué et rigidifié les règles applicables aux entreprises que les modestes tentatives de Macron pour introduire un peu de souplesse et de simplicité, moins significatives que les nouvelles complications en cours (par exemple le compte pénibilité), ne seront pas à la hauteur du problème à résoudre : les créations d’emploi resteront faibles.

Quid des arrivées sur le marché du travail ? Elles vont rester modestes aux alentours de 20 ans pour ce qui concerne les Français, car les basses eaux en matière de naissances qui ont débuté en 1993 (entrées sur le marché en 2013) ont duré jusqu’en 1997 (entrées en 2017). Hollande est donc tranquille sur ce point, sauf en ce qui concerne l’apprentissage qui verra arriver de plus gros bataillons nés en 1999 et 2000. En revanche, l’immigration ne donne aucun signe de ralentissement : elle risque fort de nourrir le chômage, d’autant que l’employabilité de nombreux nouveaux arrivants n’est pas excellente.

1,5 million de personnes sur le marché du travail en plus après la réforme des retraites

Voyons maintenant les retraites. La loi retraites 2010 fait passer l’âge légal de la retraite à 60 ans et 4 mois pour les personnes nées en 1951, 60 ans et 8 mois pour celles nées en 1952, et ainsi de suite jusqu’à 62 ans pour celles nées en 1956. Cela veut dire qu’en l'absence de mesures autorisant des départs anticipés il y aurait eu de 2011 à 2018 un flux de départs en retraite fortement diminué : grosso modo, en 8 ans, n’auraient pris leur retraite que les effectifs nés pendant 6 ans. Cela signifierait potentiellement 1,5 million de personnes de plus sur le marché du travail ; disons 1 million au minimum. La droite puis la gauche ont pris des mesures en faveur des départs précoces pour limiter cette augmentation de l’offre de travail, mais l’effet de ces mesures est transitoire, il va diminuer d’ici la fin du quinquennat, si bien que – sauf gros coup d’accélérateur sur les retraites anticipées – le nombre de chômeurs va continuer sa croissance.

Les perspectives en matière de chômage sont donc sombres pour les 24 prochains mois, ce qui ne jouera certainement pas en faveur de la réélection du Président sortant.

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Jacques Bichot est économiste, mathématicien de formation, professeur émérite à l'université Lyon 3. Il a surtout travaillé à renouveler la théorie monétaire et l'économie de la sécurité sociale, conçue comme un producteur de services. Il est l'auteur de "La mort de l'Etat providence ; vive les assurances sociales" avec Arnaud Robinet, de "Le Labyrinthe ; compliquer pour régner" aux Belles Lettres, de "La retraite en liberté" au Cherche Midi et de "Cure de jouvence pour la Sécu" aux éditions L'Harmattan.

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