Duflot victime d’une élection truquée par le PS ?

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Par Eric Verhaeghe Modifié le 20 octobre 2016 à 10h01
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La cinglante défaite de Cécile Duflot à la primaire des écologistes pose quelques sévères questions sur la façon dont le scrutin s’est déroulé. Rien n’est prouvé, mais l’amateurisme avec lequel le vote était organisé a ouvert de sérieuses brèches dans sa fiabilité. Jusqu’à nourrir un soupçon de trucage par un PS désireux de lui faire manger la poussière? Les Verts gagneraient à examiner la situation avec attention, même si l’arrogance avec laquelle Cécile Duflot a abordé le scrutin n’a pas joué en sa faveur.

Une participation plus forte que prévu

Forcément, quelque chose étonne de prime abord dans cette primaire écologiste: le parti compte un maximum de 7.000 adhérents et a peiné à leur envoyer le matériel électoral. Les sondages créditent le candidat écologiste de 2% d’intentions de vote aux présidentielles, soit une popularité quasi-confidentielle. Et hop! 17.000 personnes se sont inscrites et 12.000 ont voté.

Les amateurs de mathématique électorale ont noté qu’il a manqué 6 points à Cécile Duflot pour atteindre le second tour (puisqu’elle a recueilli 24% des voix, alors que Michèle Rivasi, deuxième du scrutin, en a recueilli 30%). Sa défaite s’est donc jouée à moins d’un millier de voix, mais avec des électeurs non connus du parti.

Une organisation bancale

De l‘aveu même de David Cormand, secrétaire général du parti, 10% environ des 17.000 inscrits présentaient un risque de fraude. Sur ce point, la machine écolo a semblé extrêmement dilettante, revendiquant de ne pas vérifier les identités des électeurs. Pour Cécile Duflot, cette légèreté se révèle brutalement douloureuse.

Si l’on ajoute à ces manquements les faiblesses globales de l’organisation, raillées par l’histoire de Gaston Lecat, qui aurait pu voter semble-t-il, alors qu’il est un chat, on s’interrogera donc sur les 750 voix environ qui ont manqué à Cécile Duflot pour être deuxième, et sur les 1.000 voix qui lui ont manquées pour être en tête.

Quand Hollande parlait du suicide politique de Duflot

Difficile ici de ne pas se souvenir des paroles prophétiques tenues par François Hollande à propos de Cécile Duflot en 2015:

« Cécile Duflot est intelligente, elle comprendra », même si elle « fait une fixation sur Valls ». « On peut empêcher quelqu’un de se suicider trois fois, quatre fois, mais la cinquième peut-on encore le retenir ? »

Entre le combat que Duflot a mené contre Valls et celui qu’elle a mené contre Hollande (en sortant un livre pour dire tout le mal qu’elle pensait de sa politique), le pouvoir en place ne manquait de raison de profiter discrètement des failles dans l’organisation du scrutin pour mettre l’ex-ministre à terre.

Une confiance étonnante de la candidate

Le plus étonnant (et qui démontre que Duflot n’est absolument pas prête pour un scrutin présidentiel) tient à la naïveté avec laquelle elle a abordé la primaire.

Quelques jours avant le vote, les proches de la passionaria des Verts espéraient qu’elle allait l’emporter dès le premier tour.

On peut se demander dans quelle mesure cette confiance ne constituait pas une forme d’arrogance vis-à-vis des enjeux du scrutin.

Duflot et les lieux communs de la boboïtude

Dans le même ordre d’idées, on se délectera des certitudes péremptoires de la non moins péremptoire Caroline de Haas, sa directrice de campagne, convaincue de détenir la vérité universelle en toutes choses. Ses annonces d’avant scrutin sur sa campagne 2.0 ultra-moderne rappellent combien il est maladroit de vendre trop tôt la peau de l’ours:

Caroline de Haas explique avoir utilisé la technique de « la chaîne de SMS » pour la campagne de Cécile Duflot. « Ces SMS ont été envoyés par une centaine de militants et de militantes à une centaine de contacts. » Les deux femmes ont également envoyé plusieurs centaines de mails pendant toute la campagne, jusqu’à la clôture des inscriptions.

La conviction des deux femmes était alors que Duflot serait élue dès le premier tour. Ou comment, à force de vivre en vase clos, on se persuade de l’existence de ses propres croyances.

Le rejet du bling-bling par les électeurs?

Reste que, influence extérieure sur le vote ou pas, Cécile Duflot a probablement cru que sa posture d’ancienne ministre chouchoute des médias suffirait à la qualifier face à ses petits camarades. Et c’est probablement la leçon à retirer de cette gamelle magistrale: l’époque n’est plus aux victoires électorales sur la notoriété ou sur la légitimité du pouvoir. Elle est aux victoires sur la compétence technique.

Article écrit par Eric Verhaeghe pour son blog

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Né en 1968, énarque, Eric Verhaeghe est le fondateur du cabinet d'innovation sociale Parménide. Il tient le blog "Jusqu'ici, tout va bien..." Il est de plus fondateur de Tripalio, le premier site en ligne d'information sociale. Il est également  l'auteur d'ouvrages dont " Jusqu'ici tout va bien ". Il a récemment publié: " Faut-il quitter la France ? "

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