La pouvoir d’achat s’invite dans le débat politique

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Par Éric Wuithier Modifié le 14 octobre 2021 à 11h23
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À l’approche de la fin du quinquennat et après un an et demi de crise sanitaire, il est temps de faire le bilan… Où en est le pouvoir d’achat des Français et de quoi sera fait son avenir ? Sur les plateaux télé, les idées se multiplient, mais le Revenu Universel est malheureusement encore trop oublié.

L’inflation est de retour !

Avec la croissance de l’inflation, le pouvoir d’achat qui avait été occulté durant la pandémie revient sur le devant de la scène. Voilà de nombreuses années que nous n’avons pas connu un taux d’inflation à 2,1 % en valeur annuelle au mois de septembre. Quatre éléments apparus ces derniers mois, mais aussi très récemment, nous annonçaient cette nouvelle.

Le premier tient à la croissance mondiale qui repart et qui provoque des tensions sur les approvisionnements de semi-conducteurs, de matières premières telles que le bois, le cuivre, l’aluminium, mais aussi de l’énergie comme le pétrole qui atteint, en peu de temps, des cours que l’on n’imaginait pas en début d’année. Le second porte sur notre dépendance au gaz qui nous met entre les « mains » de la Russie et de la Norvège. Le troisième élément est une conséquence du dérèglement climatique qui a détruit une bonne partie des fruits et légumes produits en France du fait d’un épisode glacial au printemps, mais aussi qui a réduit de plus de 30 % la production du blé dur, dont le Canada est le plus grand producteur mondial. Cette pénurie ne manquera pas d’impacter le prix du paquet de pâtes dans nos magasins cet automne. Finalement, le dernier concerne la spéculation, qui s’illustre par exemple avec l’augmentation de 1000 % du coût du transport des containers qui est ainsi passée de 2 000 euros par container à plus de 20 000 euros !

Cette inflation est essentiellement importée et nous n’y pouvons rien. Elle peut durer encore pendant une bonne partie de l’année 2022, car les tensions vont perdurer. Toute la question sera de savoir si la Banque Centrale Européenne voudra continuer sa politique monétaire accommodante qui fait qu’actuellement nous pouvons emprunter sur les marchés financiers à des taux négatifs, ce qui contribue à faire baisser régulièrement le poids du remboursement des intérêts de la dette dans notre budget, même si celle-ci augmente. Rappelons que pour les Banques Centrales, l’inflation est un véritable « chiffon rouge » qui implique un durcissement des facilités financières. Finie la planche à billets.

Que peut faire notre Gouvernement ?

Il y a d’abord des automatismes qui s’appliquent en cas d’inflation. C’est en particulier le cas de la revalorisation du SMIC qui a été annoncé pour le 1er octobre avec un montant de 35 euros mensuels supplémentaires pour une activité à temps plein. Lors d’une telle revalorisation, les organisations syndicales salariales ont coutume de demander plus. Mais dans le contexte actuel, les pouvoirs publics n’ont pas cédé aux demandes, afin d’éviter de trop « charger la barque » de la masse salariale des entreprises bien fragilisées depuis la pandémie, malgré une reprise dynamique de l’économie. Par ailleurs, une revalorisation du SMIC n’entraine pas obligatoirement une renégociation des grilles de salaire au niveau des branches professionnelles, dont certaines, rappelons-le, ont des minima au premier échelon qui peuvent être inférieurs au SMIC !

Pour ce qui est des coûts de l’énergie, Jean Castex a annoncé un gel du prix du gaz après la hausse d’octobre, pour éviter une nouvelle hausse annoncée en novembre, en espérant un reflux des prix au printemps prochain. En ce qui concerne l’électricité, l’évolution du prix devrait être cantonnée à 4 %. Mentionnons aussi le coup de pouce sur le chèque énergie de 100 euros. Quant à une réduction des taxes sur les carburants comme le propose Anne Hidalgo, le ministère de l’Économie et des Finances s’y oppose pour ne pas donner un signe négatif écologique. Pour beaucoup, ceci ressemble à un colmatage de brèche qui ne satisfait personne.

L’appréciation du pouvoir d’achat : un choc entre le rationnel et le perçu

Certes nous sommes habitués à une évaluation régulière de l’INSEE pour l’évolution du pouvoir d’achat par rapport à ce que l’on nomme « le panier de la ménagère » composé de 295 articles. Mais chacun ne s’y retrouvera pas forcément dans le résultat de cette statistique. Par exemple, les fumeurs seront plus impactés que les non-fumeurs. De même, la communication rationnelle de nos gouvernants sur la baisse des impôts, la suppression en 2017 de certaines charges salariales, la défiscalisation des heures supplémentaires, ou encore la prime Macron ayant fait suite à la crise des gilets jaunes, tout cela n’emporte pas une adhésion des Français à l’idée d’une amélioration du pouvoir d’achat… Oubliées aussi les économies faites par les ménages durant la pandémie du fait des confinements, et qui ont provoqué une forte croissance de l’épargne.

Il y a la perception de la montée de la pauvreté (celle très médiatisée des jeunes étudiants par exemple), la mesure prise au 1er octobre de calculer autrement l’indemnité des chômeurs ayant enchainé des contrats courts et provoquant une baisse de celle-ci, malgré la justification de celle-ci en termes d’équité. Il y a eu la hausse de la CSG/CRDS pour les retraites et la faible revalorisation de celles-ci au regard de l’inflation. Il y a enfin toutes les perceptions individuelles sur les difficultés des fins de mois.

Ce choc du rationnel et de la perception ne saurait être atténué sans une mesure forte.

Le Revenu Universel : La solution ?

Dans « Manuel pratique du Revenu Universel –Vous avez tous à y gagner ! » la proposition d’un Revenu Universel à 900 euros nets par mois pourrait apporter une réponse solide et durable à cette question du pouvoir d’achat. En s’appuyant sur quelques éléments emblématiques de mon essai, nous pourrions améliorer de 11 % le SMIC et « par effet cliquet » les salaires des minima conventionnels. Mais aussi de 4 % les autres salaires du fait des baisses de charges salariales, aussi bien dans le privé que dans la fonction publique. De même, les 900 euros nets mensuels qui viendraient rétribuer le travail des mères au foyer ou encore des femmes d’agriculteurs ou de commerçant, qui ne peuvent être rétribuées, apporteraient un gain de pouvoir d’achat substantiel à de nombreux foyers. Dans le même esprit, le complément à 900 euros nets mensuels des revenus de personnes actuellement au RSA, au minimum vieillesse, ou bénéficiant d’une pension de réversion faible, ou encore d’étudiants boursiers, donnerait un formidable coup de pouce pour les sortir de l’extrême pauvreté. Ces deux derniers points permettraient de mettre 77 milliards d’euros totalement financés à la disposition de citoyens nécessiteux ou non reconnus dans leur travail. En estimant à 1 600 euros le revenu net disponible moyen des Français en 2021, par actualisation d’une étude de l’INSEE portant sur 2018, et à 100 milliards annuels le total des améliorations apportées par le Revenu Universel, ce serait une progression moyenne de 10 % du revenu disponible de tous les Français qui serait possible.

Du jamais vu !

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