Suite à l’attentat perpétré dans le métro de St Pétersbourg, le 3 avril dernier, le Préfet de Police de Paris prenait un arrêté spécial autorisant les officiers de police judiciaire, et eux-seuls, à procéder à des contrôles d’identité inopinés, dans le métro et le RER, quel que soit le comportement des usagers…. L’arrêté précisait que cette autorisation était étendue à la fouille et à l’inspection visuelle de leurs sacs et bagages.
Depuis l’attentat avorté du Thalys, en France, le 21 août 2015, suivi de ceux du 6 décembre de la même année, dans le métro de Londres, et du 22 mars 2016, dans le métro de Bruxelles, nombreux sont ceux qui pensaient que ce type de mesure, de pur bon sens, était déjà en application. Tel n’était donc pas le cas, en dépit des reconductions successives de l’ « état d’urgence ». Il aura donc fallu attendre l’attentat de St Pétersbourg pour que soit pris cet arrêté, un arrêté reconductible chaque 24 heures.
Ainsi, les terroristes sont informés que les contrôles sont totalement aléatoires, sans la moindre discrimination, et que ceux-ci seront levés dès lors qu’en « haut-lieu » il aura été acté que la menace n’était plus d’actualité. Comme on le voit, ce n’est pas de cette manière que le terrorisme sera vaincu. Comment justifier une telle incohérence ?
En premier lieu, par le fait que ces contrôles sont perçus, par une infime minorité d’individus, en France, comme une atteinte aux libertés individuelles, au même titre que les activités de renseignement ou de surveillance.
En second lieu, parce que cette même minorité ne peut souffrir que lesdits contrôles visent expressément des populations particulières, quand bien même il est clairement établi que chaque « typologie » de terrorisme recouvre des origines et des profils aux contours généralement bien définis. S’agissant du terrorisme d’inspiration islamiste-radicale, en particulier, chaque attentat atteste qu’il existe bien des profils « types » d’individus réputés dangereux, dont un bon nombre d’entre eux sont déjà « bien connus des services », selon l’expression consacrée. Il n’y a donc rien d’anormal ou de choquant à ce que les agents en charge des contrôles ciblent ceux-là plutôt que d’autres. C’est déjà le cas, en matière criminelle, où le succès des enquêtes repose essentiellement sur la fiabilité et la précision des témoignages (signalements, portraits-robots,…).
Pour l’anecdote, uniquement, s’il a été possible de retrouver très rapidement la trace d’un enfant, enlevé le 15 août 2015, à Rennes, c’est que le message d’ « alerte-enlèvement » largement diffusé dans les médias mentionnait que « l’enfant était un jeune comorien, âgé de 4 ans, et que son ravisseur était un jeune homme de couleur noire… ».
Il ne s’est trouvé personne pour s’élever, à cette occasion, contre cette discrimination, chacun ayant parfaitement intégré que le fait d’être « un jeune homme de couleur noire » n’impliquait pas automatiquement que l’on était prédisposé à enlever des enfants.
Non, les contrôles ciblés, péjorativement dénommés « au faciès », visant à prévenir les attentats d’inspiration islamiste-radicale, n’ont strictement rien à voir avec le racisme et l’islamophobie, n’en déplaise à ceux qui en font commerce : il s’agit de mesures de pur bon sens.
Et s’il existe, dans les rangs des forces de sécurité, des agents racistes et /ou islamophobes, il appartient à leur hiérarchie de les rappeler à leur devoir et, à la justice, de les sanctionner au moindre dérapage. C’est à ce prix qu’il sera permis d’espérer vaincre, un jour, le terrorisme.
A cet égard, il serait pour le moins intéressant de demander aux victimes polytraumatisées et à leurs proches ce qu’ils en pensent : les morts, eux, ne peuvent plus témoigner…