Élection présidentielle en Roumanie : Simion crie à l’ingérence française après sa défaite

Il a perdu dans les urnes. Mais pas dans sa tête. En Roumanie, George Simion refuse le verdict du 18 mai 2025 et crie à l’ingérence étrangère. Un pays particulièrement ciblé : la France.

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By Grégoire Hernandez Published on 21 mai 2025 10h23
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Élection présidentielle en Roumanie : Simion crie à l’ingérence française après sa défaite - © PolitiqueMatin

« Bas les pattes ! » Ce cri de défi lancé à Emmanuel Macron pendant l’entre-deux tours n’était pas juste un coup de com’. C’était un avertissement. Battu dimanche dernier avec 46,4 % des voix contre 53,6 % pour le maire de Bucarest, Nicusor Dan, George Simion ne digère pas sa défaite. Mardi, il a annoncé avoir saisi la Cour constitutionnelle pour faire annuler l’élection. Motif ? Des « INGÉRENCES EXTÉRIEURES », selon lui orchestrées par la France. Et la Moldavie. Rien que ça.

La France au cœur de la polémique, Telegram en renfort

À première vue, Simion avait accepté les résultats et concédé sa défaite au nouveau président. Calme après le dépouillement, il expliquait vouloir éviter « un bain de sang ». Mais ce 20 mai 2025, changement de ton. Le chef du parti AUR assure disposer de « preuves irréfutables (...) d’une tentative orchestrée » pour influencer l’élection. Il parle d’une « mascarade », et dénonce une main invisible étrangère, derrière le succès de son rival pro-européen.
L’accusation n’est pas lancée en l’air. Elle cible Paris, directement, et aussi la Moldavie. Dans un message posté sur X, Simion déclare : « Je demande officiellement à la Cour constitutionnelle d’ANNULER l’élection », reprenant les « mêmes raisons » que celles ayant entraîné l’annulation du scrutin de novembre dernier : « des INGÉRENCES EXTÉRIEURES ».

L’épisode aurait pu en rester là. Mais l’homme fort de l’extrême droite roumaine en rajoute une couche. Il accuse ni plus ni moins le patron de la DGSE. Selon lui, Nicolas Lerner aurait tenté d’interférer dans le débat politique roumain. « Au printemps, Nicolas Lerner (...) m’a demandé de bannir les voix conservatrices en Roumanie avant les élections », a écrit Pavel Durov, fondateur de Telegram, sur X dimanche.
George Simion s’est empressé de brandir ce soutien inattendu comme une validation de ses accusations. Et Durov, naturalisé français, affirme être « prêt à venir témoigner si cela peut aider la démocratie roumaine ».
La DGSE a immédiatement réagi. Fait rarissime, elle est sortie du silence : « Elle réfute avec vigueur les allégations selon lesquelles des demandes d’interdiction de comptes, en lien avec un quelconque processus électoral, auraient été formulées à ces occasions ».

Une stratégie calculée dans une Roumanie sous tension

Simion sait ce qu’il fait. Derrière son ton agressif, une stratégie politique bien rodée. C’est celle du conflit permanent, de l’ennemi extérieur, du recours judiciaire même perdu d’avance, il l’a d’ailleurs admis lui-même : sa requête a « peu de chances » d’aboutir. Mais elle lui permet d’exister médiatiquement, d’unir son électorat, et surtout, de rester au centre du jeu.

Peu importe le sort de sa requête constitutionnelle : George Simion a déjà déplacé le combat. Il pousse la France dans les cordes, interpelle l’opinion publique, et impose son récit. En mettant Paris au cœur de la contestation, il transforme un revers électoral en feuilleton géopolitique. Et même si le scrutin du 18 mai ne sera très probablement pas annulé, le poison du doute est injecté.
À Bucarest, l’après-élection s’annonce tendu. La justice va devoir trancher sous pression.

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