Le discours de rentrée de la présidente de la Commission européenne Von der Leyen est loin d’avoir fait l’unanimité au sein de l’hémicycle européen…
Von Der Leyen s’attire toutes les foudres
La gauche ménage ses critiques à l'égard de Von der Leyen
Le discours de rentrée du mercredi 13 septembre de la présidente était l'évènement politique de la rentrée. Très attendu, celui-ci semble avoir provoqué davantage de déceptions que d'espoirs. Les groupes parlementaires n'ont pas hésité à souligner leurs divergences profondes avec les grands axes développés par la Présidente de la Commission européenne.. Immigration, pacte vert, économie, élargissement de l'Union, tout y passe. Malgré les divergences d'opinion des différents groupes parlementaires, tous s'accordent sur un point : le manque de prise en considération de la question sociale.
Les eurodéputés de gauche du groupe Alliance progressiste des Socialistes & Démocrates notamment, ont regretté l'absence quasi totale de références aux problèmes sociaux actuels : « La situation sociale n'a pas été traitée suffisamment dans ce discours. Beaucoup de familles sont en proie à l'inflation et aux coûts croissants de la vie quotidienne. Pourtant, nous n'avons reçu aucune garantie concrète pour ces familles européennes », déplore Pedro Marques. Les Verts/ALE, bien que saluant les avancées en matière d'environnement, ont exprimé leurs réserves quant à l'absence de mesures concrètes.
Le groupe S&D (Alliance progressiste des socialistes et démocrates) ainsi que celui des libéraux ont plutôt bien accueilli le discours d'Ursula Von der Leyen comme peut en témoigner la déclaration de Sylvie Brunet : « j'ai trouvé ce discours très étayé, très fourni, détaillé et de bon niveau ». Néanmoins, les libéraux ont relevé le manque d'insistance sur la défense de la démocratie et de l'État de droit, en particulier en Pologne et en Hongrie. D'un autre côté, ces groupes saluent l'appel à l'élargissement de l'Union. Néanmoins, ils réclament une réforme préalable de l'UE : « Pour avancer sur l'élargissement, nous devons aussi renforcer nos institutions et notre capacité à prendre des décisions à plus de 30 membres », a ainsi déclaré Stéphane Séjourné, président du groupe Renew Europe.
ID, PPE, la droite frappe fort
Les groupes parlementaires de droite frappent fort, avec parmi eux plusieurs membres du PPE (Parti populaire européen), principal groupe du Parlement européen auquel Ursula von der Leyen appartient. Manfred Weber, leader du groupe, soutient l'initiative du Pacte vert et applaudit l'ouverture d'une enquête sur les aides accordées aux constructeurs d'automobiles électriques en Chine. « Nous devons rester vigilants face au comportement déloyal de la Chine sur les marchés et protéger nos intérêts », insiste-t-il. Côté Français, François-Xavier Bellamy, également membre du PPE considère le discours d'Ursula Von der Leyen comme totalement « déconnecté de la réalité » de la vie quotidienne des pays de l'Union.
La critique est encore plus incisive du côté du groupe ID (Identité et Démocratie). Celui-ci récuse l'ensemble du discours : « après le Brexit, il aurait pu y avoir une Union européenne plus modeste (...) Mais nous avons vu l'Union européenne depuis lors, elle est plus radicale et plus extrémiste que jamais » a ainsi déclaré Gerolf Annemans. Le député RN, Jean-Paul Garraud, également membre de groupe ID va encore plus loin. Dans un communiqué envoyé ce vendredi 15 septembre 2023 aux membres de son groupe, il y dénonce ce qu'il considère comme un discours d'auto-satisfaction de la présidente de la Commission européenne. En désaccord complet avec le discours d'Ursula von der Leyen, il rejette l'ambition qu'il juge démesurée de l'élargissement de l'UE et du renforcement des pouvoirs de l'Union aux détriments des États-nations. Pour lui, le programme énoncé par Ursula von der Leyen vise à « l'effacement des nations ». Il souligne aussi ce qu'il perçoit comme une contradiction dans le soutien de la présidente de la Commission aux agriculteurs européens tout en prônant des accords de libre-échange dans le cadre du pacte vert.
Si Von der Leyen avait déclaré qu'il n'y avait pas de « dissensions » au sein de sa famille politique, les réactions des membre de son groupe prouvent le contraire. La prochaine élection de la présidence de la Commission étant prévue pour juin 2024, il se pourrait bien que la candidature d'Ursula Von de Leyen soit mise sur la sellette.